Plan d’action du gouvernement : une commission nationale pour s’attaquer aux subventions
Le gouvernement veut accélérer l’opération de ciblage des subventions, un des points phares de son plan d’action. Pour ce faire, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, annonce l’installation prochaine d’une commission nationale consultative pour l’examen du dossier du soutien destiné aux catégories démunies de la société. Cette commission sera chargée d’élaborer des lois et des mesures qui permettront d’établir des critères bien clairs pour les personnes ouvrant droit au soutien de l’Etat.
Conscient de la sensibilité de cette question, Abdelmadjid Tebboune s’engage ainsi à lancer un débat national large et approfondi sur la révision du système des subventions. Cette commission, qui sera composée d’experts en finances, des fiscalistes, remettra ainsi un rapport détaillé et chiffré au gouvernement, lequel le soumettra à l’Assemblée populaire nationale pour débat. Si le gouvernement réitère son attachement au caractère social de l’Etat, il estime impératif de mettre de l’ordre et de ne plus continuer à subventionner indirectement toutes les bourses.
Tebboune a indiqué devant les députés que «25% du PIB sont orientés vers les transferts sociaux». Le Premier ministre assure que l’Etat n’abandonnera pas les couches démunies. La question des subventions a fait couler beaucoup d’encre. Outre les économistes qui qualifient le système actuel d’intenable et d’injuste en ce sens que le soutien de l’Etat touche à la fois le pauvre et le riche, des partis politiques appellent, eux aussi, à revoir le mode de distribution des subventions.
C’est le cas du Rassemblement national démocratique (RND) qui, tout en mettant en avant le caractère social de l’Etat qui consacre 18 milliards de dollars annuellement aux transferts sociaux, a appelé le gouvernement à mettre en place de nouveaux mécanismes plus efficaces afin qu’il y ait ciblage des personnes démunies. Comment le faire ? Pour les experts, il est difficile d’établir une carte des démunis en Algérie en ce sens qu’il y a trop d’activités informelles.
Pour Smail Goumeziane, le souci de réduire les dépenses publiques fait que le gouvernement se focalise sur les seules subventions et autres exemptions fiscales. «Il eut été plus judicieux de parler de celles qui génèrent, à l’évidence, des effets négatifs, voire catastrophiques, sur le développement du pays. Et pas seulement au niveau des subventions. Que dire, par exemple, en termes de dépenses publiques, de projets industriels ou infrastructurels publics dont les surcoûts avérés se chiffrent en milliards de dollars, et qui se traduisent par autant de transferts «non sociaux» et pour le moins opaques vers des destinations privées, nationales ou étrangères ?» s’est demandé cet expert.
La révision du système des subventions s’annonce comme un test pour ce gouvernement qui devrait commencer par l’énergie et l’eau et quelques exonérations fiscales. Une mission difficile qui risque de provoquer des vagues de mécontentements.
Hani Abdi
Comment (12)