Entreprises publiques : Tebboune à contre-courant d’Ouyahia et Sellal
Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, évacue totalement la question de privatisation des entreprises publiques. Il ne s’est pas contenté de l’affirmer devant les membres de l’Assemblée populaire nationale mercredi dernier. Il agit dans ce sens en prenant la décision de dynamiser les entreprises publiques à travers la commande publique de laquelle elles ont été jusque-là souvent exclues.
Selon des sources sûres, Abdelmadjid Tebboune a demandé de passer en revue tous les marchés de gré à gré donnés à des sociétés privées, avec le but de revoir l’attribution si l’on constate l’existence d’entreprises publiques capables de fournir le produit ou le service. Parmi les entreprises qui peuvent bénéficier de la démarche du Premier ministre, il y a Cosider, l’EVSM, le Groupe public de textiles et cuirs, la Société nationale des bois et dérivés, l’Enie, l’Eniem…
La question de la privatisation des entreprises publiques avait été remise sur le tapis par l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui avait même demandé un audit des sociétés publiques afin de ne garder que celles qui étaient viables. La démarche de Sellal avait été accueillie à bras ouverts par le Rassemblement national démocratique (RND) qui en a fait son cheval de bataille. Son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, avait d’ailleurs clairement revendiqué la nécessité de privatiser ces entreprises «devenues un fardeau trop lourd pour l’Etat» qui les refinance régulièrement pour maintenir les emplois. Lors de sa dernière prestation médiatique, Ahmed Ouyahia avait appelé le gouvernement Tebboune à se pencher sérieusement sur cette question dans le but de redynamiser l’économie nationale. Pour le secrétaire général du RND, il faut une la loi encadrant la privatisation des entreprises au profit des nationaux, une législation sur la concession des terres agricoles publiques et des textes qui définissent les limites du partenariat avec les investisseurs étrangers.
Abdelmadjid Tebboune se distingue ainsi par sa position beaucoup plus proche du Parti des travailleurs que du FLN et du RND. D’ailleurs, la secrétaire générale du PT a jusque-là épargné le Premier ministre en lui accordant le bénéfice du doute. La pasionaria du PT s’en est pris en revanche à Ahmed Ouyahia et à son parti qui plaide pour la privatisation des entreprises publiques.
Hani Abdi
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