Négligence et légèreté
Par Kamel Moulfi – On avait fini par oublier que le sport scolaire a existé en Algérie et qu’il fournissait, dans certaines disciplines, l’ossature des équipes nationales qui représentaient souvent dignement notre pays dans les compétitions mondiales. Cette période faste du sport algérien est rappelée à notre bon souvenir – voir article AP –incidemment, par le conflit, bureaucratique et aux apparences absurdes, qui est à l’origine de l’absence de l’Algérie aux championnats du monde scolaires d’athlétisme 2017 qui se déroulent en ce moment à Nancy (France).
Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et la Fédération algérienne des sports scolaires (FASS) s’accusent mutuellement de la négligence qui a empêché la sélection nationale de participer à la compétition. Dans les arguments des deux protagonistes de cette affaire reviennent des termes (dossier, visa, billet d’avion, banque…) qui n’ont rien à voir avec les performances sportives mais qui confirment le poids des méthodes bureaucratiques en cours dans nos administrations, donnant le parfait prétexte à ceux qui voudraient bloquer la moindre démarche allant dans l’intérêt national.
Quand l’«affaire» se déroule pendant le Ramadhan, comme ce fut le cas, le ralentissement, voire l’arrêt complet du fonctionnement des administrations, devenu «normal» en pareille circonstance, offre une raison supplémentaire de traîner les pieds quelle que soit l’importance de l’enjeu. On devine la déception des sportifs scolaires algériens qui attendaient certainement avec impatience de pouvoir évaluer leur niveau au contact des meilleurs athlètes mondiaux de leur catégorie.
L’affaire MJS-FASS révèle la légèreté avec laquelle est traité le sport scolaire, qui est une discipline fondamentale dans le système éducatif si on le perçoit sous l’angle de sa finalité : la préparation à la responsabilité citoyenne dans le cadre du «vivre-ensemble» au sein de la société.
Maintenant que le mal est fait, au lieu de continuer inutilement les échanges d’accusations et sans attendre les conclusions de la commission d’enquête appelée à tirer au clair cette affaire, le gouvernement devrait s’en saisir pour redonner au sport scolaire sa place dans tous les paliers de l’enseignement. La pratique saine du sport dans le monde scolaire pourrait être, non pas le remède miracle, mais une forme de riposte énergique et efficace aux fléaux qui harcèlent les élèves jusqu’à l’intérieur des établissements scolaires.
K. M.
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