Makhzen : enfin la fin ?
Les émeutes sanglantes qui secouent le Rif marocain commencent, depuis quelques jours, à prendre un caractère quasi insurrectionnel avec l’accentuation de la répression et l’apparition des hommes cagoulés, et risquent, de ce fait, d’échapper à tout contrôle. Et les dernières images qui nous parviennent de l’épicentre de cette révolte, El-Hoceïma, montrent qu’on n’est pas loin de cette situation.
Toutes les annonces faites par le roi Mohammed VI pour y ramener le calme (limogeage en séries de responsables locaux, promesses d’accélération de quelques projets de développement…) semblent insuffisantes pour rassurer les populations qui ont brisé le mur de la peur.
D’émeutes de la faim, les manifestations d’El-Hoceïma se transforment peu à peu en une véritable révolution. Les manifestants, comme on le voit à travers les slogans qu’ils scandent, ne réclament pas seulement leur «part de développement», telle que la presse du Makhzen relayée par les médias occidentaux veulent nous le faire croire, mais hurlent leur soif de liberté, de justice et de démocratie. D’où cet affolement du régime qui, c’est le propre d’une dictature, n’a plus le choix pour faire taire ces voix rebelles et éviter ainsi qu’elles fassent tache d’huile dans le pays que de redoubler de férocité et de terroriser les populations. C’est alors le cycle infernal : la terreur nourrit le sentiment d’injustice et revigore la révolte.
Le Palais a peur d’apparaître faible s’il tente la moindre concession ou s’il fait montre d’un semblant d’indulgence, parce que sa grande hantise est que les manifestations passent à un autre stade et soient dirigées directement contre le régime monarchique, exactement à la manière des révolutions du «printemps arabe». Sa peur est d’autant plus légitime que son paravent traditionnel, le Makhzen, a perdu toute crédibilité après avoir épuisé toutes ses ressources, alors que le gouvernement avoue carrément son impuissance face à la crise.
R. Mahmoudi
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