Dérives du COA : Lebib appelle les pouvoirs publics à intervenir
Le très sérieux et officiel quotidien national El-Moudjahid donne le là : «COA : le mouvement sportif pris en otage». Ce titre résume à lui seul le désarroi du sport algérien. L’élection du 27 mai dernier a donné naissance à une crise sans précédent à la tête du Comité olympique algérien (COA). Une crise dont l’onde de choc a commencé à entamer la crédibilité de l’instance sportive nationale.
Outre le mouvement de contestation qui a suivi cette élection controversée, et qui continue de dénoncer un parti pris flagrant des instances arbitrales internationales en faveur des décisions de Mustapha Berraf, d’aucuns reprochent au Dr Sid Ali Lebib de s’être retiré de cette compétition au mauvais moment et de faciliter ainsi la tâche à Berraf qui rempile pour un cinquième mandat. Car le candidat adoubé par le ministère était un illustre inconnu sur l’échiquier et donc incapable de tenir tête à un dinosaure.
Ainsi, accusé d’avoir laissé le champ libre à Mustapha Berraf en décidant de se retirer de la compétition, Sid Ali Lebib s’en défend. «Pour être franc avec vous, quelques minutes avant mon retrait, j’étais prêt à engager cette noble compétition démocratique», dira-t-il dans une déclaration à Algeriepatriotique. «Mais au vu de la pagaille constatée sur place et l’obstination de certains à fourvoyer cette élection dans une impasse quitte à user de procédés ignobles, indignes, voire irresponsables, et devant l’impossibilité de trouver un conciliabule, tout homme responsable se devait de retirer sa caution à une telle cacophonie, voire une telle dérive sans précédent depuis la fondation du COA en 1963», a-t-il répliqué.
L’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports refuse de cautionner la guéguerre pour la mainmise sur le COA. «Ceci veut dire, implicitement, que je ne pouvais m’associer à aucun des deux autres groupes en confrontation. D’ailleurs, je n’ai donné aucune consigne de vote», dira-t-il avant d’avouer avoir fait l’objet de reproches par rapport à sa position. «A posteriori, quelques soutiens m’ont fait ce reproche. Malheureusement, les critères choisis par certains étaient le degré de docilité et de soumission. Et pour cela, il fallait tirer le niveau par le bas pour avoir la mainmise sur cette noble institution qu’est le COA ; non, la compétence, le charisme, la force de caractère, la rectitude, l’honneur n’ont pas droit de cité», répond-il.
Depuis, les choses ne se sont guère améliorées, et le COA semble poursuivre sa dérive. A ce propos, Lebib ne s’estime pas responsable et défend sa position. «Le temps m’a donné raison car nous assistons à un feuilleton infini qui entame le sport algérien et qui offre un spectacle désolant. L’histoire aura à dire sa sentence contre les acteurs de cette décadence. Si c’était à refaire, dans les mêmes conditions, j’agirais de façon similaire en me retirant», déclare-t-il.
A propos de l’avenir du sport et de l’olympisme, l’ancien président de la Fédération algérienne de karaté est dubitatif. «Je vois très malheureusement une déroute totale du sport national», note-t-il. Et devant l’impasse dans laquelle se retrouve la nouvelle équipe dirigeante du COA, Lebib voit qu’une intervention des pouvoirs publics est salutaire. «Un sursaut venant des hautes autorités serait salvateur. Il pourrait remettre les choses sur la bonne route, en bannissant l’incompétence et l’inaptitude qui règnent actuellement», voit-il.
Ramdane Yacine
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