Moudjahidate de confession chrétienne ou juive : «Des Algériennes à part entière»
Les moudjahidate d’origine européenne ayant milité durant la Révolution de novembre 1954 en faveur de l’indépendance de l’Algérie étaient des Algériennes à part entière, ont plaidé ce mardi à Alger des témoins, relevant le sacrifice, parfois en vie, consenti par ces dernières.
Intervenant au Forum d’El-Moudjahid consacré à ces moudjahidate de confession chrétienne ou juive, à la veille de la célébration du 55e anniversaire du recouvrement de l’indépendance, l’ancien moudjahid Tahar El-Hocine a insisté pour que soient considérées ces Françaises et autres Européennes comme étant des Algériennes à part entière, car ayant consenti un sacrifice tout aussi grand que celui du peuple algérien.
Pour les faire sortir de l’oubli, il a tenu à citer quelques noms de ces militantes convaincues par la justesse de la cause de libération nationale. Outre celles plus ou moins médiatisées comme Claudine Chaulet, Jacqueline Guerroudj, Danielle Mine, Evelyne Safir Lavalette, il a évoqué Reine Raffini, Denise Duvallet, Jocelyne Chatain, etc.
Le moudjahid Abdelmadjid Azzi a tenu, quant à lui, à souligner le même rôle joué par les Européennes que les Algériennes durant la Guerre de libération nationale ainsi que leur engagement sans faille pour cette noble cause. Il a cité, entre autres combattantes, Raymonde Peschard (dite Taoues) qui soignait les blessés algériens dans les maquis aux côtés de Nafissa Hamoud ainsi que Danielle Mine (Mme Djamila Amrane), lesquelles, a-t-il poursuivi, «se réclamaient de leur algérianité à part entière». «Elles combattaient le système colonial français alors qu’elles n’étaient pas concernées par le code de l’indigénat qui offrait des privilèges aux seuls Européens», a-t-il observé, avant de rappeler que la première a été froidement abattue par l’armée française lorsqu’elle s’est opposée à la suite de l’assassinat par ces derniers d’un médecin algérien dans le maquis.
Il a poursuivi en s’interrogeant en ces termes : «Comment peut-on aujourd’hui faire la différence entre le sacrifie des hommes et des femmes, d’une part, et ceux des Algériens de souche et des Européens, d’autre part, sachant qu’il ne s’est pas agi d’une guerre entre religions», avant de conclure par dire sa conviction que la femme a endossé davantage que l’homme durant la Révolution, et à tous les niveaux.
Moudjahida de la Wilaya VII au sein de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), Akila Ouared a insisté, elle aussi, pour que soient considérées comme des Algériennes à part entière «celles qui ont adhéré à la cause nationale et pour qu’elles ne soient plus désignées sous l’appellation d’amies de l’Algérie, l’amitié ne conduisant pas forcément à prendre les armes», a-t-elle argué. «Y a-t-il un sacrifice plus grand que celui de donner sa vie, au moment où ces martyres étaient qualifiées par les tribunaux militaires français de traîtres et qu’elles avaient milité sans rien demander en retour ?» s’est-elle indignée, appelant le ministère des Moudjahidine à se pencher sur cette question.
Fils d’un moudjahid d’origine italienne et frère de la martyre Molinari Oum El-Khir, tombée au champ d’honneur les armes à la main à l’âge de vingt-deux ans, Kaddour explique comment, en 1969, son père qui a voulu être algérien a demandé auprès de l’état-civil à substituer son nom de famille par celui de Soukhal, du nom de son épouse.
L’avocate Fatma-Zohra Benbraham est revenue, quant à elle, sur le rôle de ses collègues françaises durant la Révolution à travers le pont aérien qui consistait à défendre les prisonnières algériennes, citant notamment Nicole Dreyfus, avocate au barreau de Paris. Pour sa part, le président de l’association Maillot-Yveton, Merzouk Chertouk, a plaidé pour que soient baptisés des rues et boulevards au nom de ces militantes et militants de confession non musulmane, lesquels ont plus de mérite que les autres et qui ont été condamnés et torturés doublement, en raison précisément de leur origine.
R. N.
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