Histoire et symboles de l’emblème tricolore national
«Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux.» Victor Hugo (1802-1885) Dans le cadre du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre d’Algérie, l’Association des doyens des Scouts de Tlemcen, les Scouts musulmans algériens, l’association Ecolymet – cette dernière regroupe les anciens élèves du collège de Slane, du lycée de garçons et de la médersa franco-musulmane – ont organisé conjointement à l’auditorium de la Faculté de médecine (ex-caserne Miloud) une journée d’étude. Le programme de cette journée était axé sur le thème «Scouts musulmans algériens dans le mouvement national». Parallèlement, une exposition photos animée par les SMA de Tlemcen ou portraits et scènes de vie, thèmes de vie politique, intellectuelle, culturelle et artistique à travers l’histoire des Scouts musulmans de Tlemcen et des autres régions d’Algérie.
Tlemcen, ville d’art et d’histoire
Dans la ville d’art et d’histoire, la journée d’étude était animée par des conférenciers et artisans qui ont fait l’histoire tels que Mohamed Moussaoui, président d’honneur des doyens SMA de Tlemcen ; Reda Bestandji, doyen ayant assisté au Camp fédéral de 1944 et Mohamed Saidi, dit «Hamou». Ces grandes personnalités ont passionné l’assistance par leur allocution introductive de l’histoire du mouvement des Scouts depuis la naissance de l’idée même du «scoutisme».
L’idée du scoutisme était née après la bataille de Malking (Afrique du Sud) qui a fait son chemin jusqu’à la tenue du premier camp scout par le chef anglais Baden Powell. En Algérie, le mouvement a été créé, fondé et institué durant l’année 1935 par Mohamed Bouras en compagnie de la troupe d’Alger (section Fatah), et c’est en 1939 que la ligue a eu son agrément officiel. Les professeurs de l’Université d’Alger Omar Hachi et Mohamed Hadjadj ont retracé respectivement «Le rôle des SMA et le mouvement national» et «Le mouvement scout dans le contexte politique de 1942 à 1956».
Les grandes personnalités algériennes
Certaines personnalités présentes avaient vécu le contexte, et nous ont abreuvé de faits vécus et d’événements qui ont marqué l’histoire du mouvement des Scouts musulmans algériens. Ils nous ont fait revivre la pensée révolutionnaire qui sévissait pendant cette période où un certain Marechal Bugeaud essaimait une philosophie politique criminelle par une pratique de terreur et de soumission forcée dans le cadre de l’indigénat et la misère, et toute peccadille risquait un voyage forcé en Guyane (Cayenne) ou à la Nouvelle Calédonie. Bugeaud déclarait dans un discours à la Chambre le 24 janvier 1845 (*) : «J’entrerai dans vos montagnes ; je brûlerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers, et alors ne vous en prenez qu’à vous seuls.» Le 24 janvier, il écrit au même (*) : «J’espère qu’après votre heureuse razzia le temps, quoique souvent mauvais, vous aura permis de pousser en avant et de tomber sur ces populations que vous avez si souvent mises en fuite et que vous finirez par détruire, sinon par la force du moins par la famine et les autres misères.» «J’ai laissé sur mon passage un vaste incendie. Tous les villages, environ deux cents, ont été brûlés, tous les jardins saccagés, les oliviers coupés.» (Petite Kabylie, mai 1851). Les SMA se manifestaient dans la géographie et la pensée algériennes, s’affinaient de plus en plus suite à l’exécution de Mohamed Bouras en 1941 par l’administration coloniale.
Camp fédéral de 400 chefs scouts au Mont de Lalla Setti
Et c’est en juillet 1944, une date historique, où il a été organisé un gigantesque camp fédéral regroupant plus de 400 chefs scouts au niveau du Mont de Lalla Setti (lieu de l’actuel sanatorium) de la ville de Tlemcen par les SMA de Tlemcen où collecte d’argent, logistique de regroupement, de restauration et d’activités diverses ont été menés avec une organisation minutieuse et exemplaire. Dans ces fameux camps sous toile et bivouac qui marque l’histoire du mouvement SMA, de l’historique du mouvement national et de la consécration de symboles de l’Algérie indépendante. Ce camp a eu le privilège d’avoir la visite secrète de grandes personnalités telles que Larbi Tebessi, Cheikh El-Ibrahimi, Abdeslam Taleb et Abdelkader Mahdad. Etaient présents aussi Larbi Ben M’hidi, Saïd Chibane et Abdallah Oujdi, Damerdji.
Les chants patriotiques, une force magnétisante
Grâce aux chants patriotiques, qui leur ont permis d’avoir des slogans culturels, sensibilisateurs et mobilisateurs pour atteindre leur objectif assigné (l’indépendance de l’Algérie), et c’est dans ce camp fédéral historique que les Scouts d’Algérie ont été rassemblés puis unifiés et ont, de ce fait, prouvé au colonisateur français que les Algériens étaient capables de prendre en main leur propre destinée. Cheikh El-Ibrahimi a fait un discours historique d’orientation en présence de Farhat Abbès, fondateur de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA. Le 14 mars 1944, Abbès crée l’Association des amis du manifeste de la liberté. Les SMA étaient le vivier du mouvement national algérien, Lotfi était un membre des SMA – 18 des 22 membres qui ont déclenché la Révolution du 1er Novembre 54 étaient bien des Scouts issus des SMA. Les chants créés et composés par les érudits algériens et palestiniens et sympathisants des SMA étaient Mawtini, Min Djibalina, Chaâbou al-djazaïr et bien d’autres. Ces chants poétiques avaient une force magnétisante. Cette force faisait rêver les patriotes et servait à consolider encore mieux le patriotisme chez les Algériens.
C’est en 1944 que le drapeau algérien a été hissé pour la première fois à Lalla Setti. C’est dans ce camp et lieu de Tlemcen où a été hissé pour la première fois le drapeau officiel algérien. L’histoire de la confection du drapeau algérien : en 1934, une réunion s’est tenue à Paris (France) au XXe arrondissement qui regroupé Messali El-Hadj et les deux frères Benhachehou (Mustapha et Hocine), un Tunisien nommé Chadli Kheir Allah et quelques militants de l’ENA (Etoile nationale algérienne). Dans un premier temps, il fallait choisir les couleurs de l’emblème, ils ont retenu à l’unanimité les couleurs suivantes : vert, rouge, blanc.
Symboles du drapeau algérien
Le vert, le rouge et le blanc représentant respectivement les trois pays du Maghreb arabe, à savoir la Tunisie, le Maroc et l’Algérie symbolisant de ce fait l’Union nord-africaine. Le croissant représente l’islam et l’étoile les cinq pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Libye). La confection a été faite à Tlemcen le 21 août 1936 par Madame Guenaneche Aouicha sous l’extrême vigilance et surveillance de son père, Mohamed, qui était le compagnon fidèle de Messali El-Hadj. La forme de l’emblème était triangulaire. Et c’est en juillet 1944 que cet emblème a été hissé clandestinement au milieu des garde-à-vous des SMA en présence des personnalités politiques du mouvement national de l’époque. Les historiens ont du pain sur la planche, et c’est à eux de nous faire et présenter le recueil de notre belle histoire que les adjudicateurs ont voulu effacer pour avoir la grâce de leurs maîtres d’hier.
Benallal Mohamed, adhérent à l’Ecolymet de Tlemcen
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