Pas de relais politiques
Par Kamel Moulfi – A l’égard des jeunes, le pouvoir semble avoir adopté une attitude politique qui trahit la crainte réelle d’une gronde émanant de cette catégorie de la population dont les réactions, quand elles sont reliées par une solidarité active, peut créer une situation difficilement contrôlable.
C’est ainsi que l’on peut expliquer la décision de faire passer une autre session du bac, appelée «spéciale» mais qui constitue, dans les faits, ce que le gouvernement ne veut pas désigner par «deuxième session» et encore moins «session de rattrapage». Le nombre de candidats concernés – plus de 100 000, donc autant de familles – donne les dimensions de la part de la population «satisfaite». Le même comportement politique de compréhension, voire de complaisance, est adopté face aux «racketteurs» qui guettent l’arrivée des baigneurs sur les plages.
Cette façon de gérer politiquement le mécontentement des jeunes traduit l’absence de relais politiques efficaces dans la société, et donc une insuffisance d’écoute ou d’écho, particulièrement parmi les jeunes, ce qui a sans doute renforcé dans le pouvoir la psychose de l’impossibilité à prévoir et à faire face à une émeute spontanée.
Les perspectives financières du pays, présentées comme plutôt sombres, excluent de plus en plus le recours à la paix sociale avec la facilité que permettait l’aisance d’avant la baisse des prix du pétrole. Au plan politique, l’alliance de partis qui soutenait le pouvoir a également connu un rétrécissement dans sa composante et surtout dans sa base, comme l’ont prouvé les résultats des élections législatives du 4 mai dernier, marquées par un taux élevé d’abstention.
L’alliance présidentielle ne peut valablement compter que sur le FLN et le RND dans l’action d’encadrement politique de la société pour prévenir et empêcher la contestation et le risque qu’elle prenne une tournure dangereuse, notamment chez les jeunes. Or, le FLN ne veut pas sortir de sa crise depuis le 29 août 2013, telle qu’elle est datée par Abderrahmane Belayat, qui affirme qu’il y a à la tête de ce parti «une direction chancelante, boiteuse et douteuse» (voir http://Belayat à Algeriepatriotique : «Ould-Abbès n’a jamais été le SG du FLN»), allusion directe à Djamel Ould-Abbès et à son équipe. Du côté du RND, son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, estime que la situation du pays ne prête pas à l’optimisme. Autrement dit, dans la classe politique, côté pouvoir, l’ambiance est loin d’être propice à la mobilisation.
K. M.
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