La presse française demande à Trump de désamorcer la crise du Golfe
Très inquiets de l’évolution de la situation dans la région du Golfe, devant l’impasse à laquelle ont abouti toutes les tentatives de dialogue entre le Qatar et ses frères ennemis, les Français, qui ont très tôt pris partie pour le petit émirat, veulent agir pour éviter un embrasement dont ils seront eux-mêmes victimes. Il s’agit pour eux de défendre des intérêts vitaux pour leur économie en crise, mais aussi de maintenir en vie une stratégie de redéploiement dans le monde arabe qui risque, ainsi, d’être remise en cause.
C’est cette option que défend le journal parisien Le Monde, réputé proche des centres de décision, dans son éditorial de vendredi consacré à la crise du Golfe, avec pour titre «Dangereuse escalade au Qatar». D’entrée, l’éditorialiste estime que la région «n’avait nul besoin d’un foyer de tensions supplémentaire», tout en regrettant le «jusqu’auboutisme» de Riyad et ses alliés. Sur un ton faussement neutre, il résume les origines de la crise par des divergences politiques entre les deux parties sur «les réformes à entreprendre dans les régimes de la région», accordant ainsi à l’émirat du Qatar et à ses dirigeants l’avantage d’avoir «poussé» les autres régimes arabes à «se démocratiser» à travers «le printemps arabe» que le Qatar a cofinancé avec l’Arabie Saoudite. L’auteur de l’éditorial ne sent pas la contradiction entre le fait que le Qatar ait contribué de façon aussi décisive et assumée à la destruction de nombre de pays de la région et cette campagne inspirée pour la paix et la stabilité circonscrites à la seule région du Golfe arabo-persique.
Pour l’éditorialiste du Monde, la mise en quarantaine du Qatar a été décidée après le passage du président américain Donald Trump en Arabie Saoudite, où il avait clairement exprimé son hostilité à l’Iran. Selon Le Monde, c’est cette assurance des Etats-Unis qui a poussé les Saoudiens, et notamment l’actuel prince héritier, Mohamed Bin Salman, à franchir le pas, pour menacer, par substitution, le petit voisin qatari. C’est pourquoi la solution à la crise n’est plus, selon le quotidien français, dans un illusoire dialogue entre dirigeants des pays concernés mais entre les mains du président américain. «Donald Trump est un représentant de l’Arabie Saoudite – malheureusement pas le roi, ni Mohamed Bin Salamn – seront ensemble à Hambourg vendredi pour le G20, écrit l’éditorialiste. Il est urgent que le président américain s’emploie à éteindre le brasier qu’il a involontairement allumé», conclut-il.
R. Mahmoudi
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