Souad Cherouati dénonce la gestion catastrophique de la natation algérienne
C’est un véritable cri de détresse que la nageuse algérienne Souad Cherouati a lancé. Retenue pour participer au championnat du monde de natation qui aura lieu du 14 au 30 juillet à Budapest, cette nageuse se trouve à la veille de son départ sans la moindre prise en charge lui permettant d’être présente mais aussi et, surtout, prête à cette compétition.
Dans une lettre adressée à notre rédaction, Souad Cherouati n’a pas caché son dégoût face à cette mésaventure qu’elle a vécue, dénonçant les responsables de la natation, en premier ceux de la Fédération censée encadrer et créer un climat favorable pour une meilleure participation des athlètes algériens. Cette athlète devait se rendre à Budapest le lundi 10 juillet comme tous les athlètes participant aux épreuves d’eau libre au championnat du monde.
Souad Cherouati affirme que la Fédération algérienne a refusé de prendre en charge un stage de préparation durant le mois de Ramadhan afin qu’elle puisse s’entraîner le soir pour préparer ce championnat du monde. Elle accuse dans ce sillage le président de la Fédération, Hakim Boughadou, de n’avoir pas voulu prendre en charge son stage de préparation. Le refus du président de la FNA aurait fait mal, sur le plan moral, à cette athlète, qui reste la seule qui a réalisé les minima de qualification depuis le mois d’avril. Cherouati ne s’est pas limitée à la dénonciation du président de la FNA. Elle a également pointé du doigt le directeur national technique, Réda Belakhal, qui lui aurait demandé de rentrer à Alger pour organiser «à la va-vite un stage dans des mauvaises conditions».
Souad Cherouati assure dans sa lettre de dénonciation que ce même DTN lui aurait demandé d’acheter elle-même le billet d’avion «argumentant que la Fédération n’a pas d’argent». «Mon stage a duré deux jours dans un hôtel que j’ai quitté suite à une intoxication alimentaire. La nourriture était ramenée de l’extérieur. Je n’avais aucun suivi ni prise en charge médicale. J’ai quitté ce stage après avoir mis au courant la Fédération qui ne s’est pas inquiétée et ne m’a recontactée que cinq jours plus tard», a-t-elle souligné. Elle se plaint du plan de vol qui est le chemin le plus long, un trajet de 24 heures, pour aller à Budapest, alors qu’il y a d’autres possibilités, notamment via Toulouse (France).
Si la FNA a justifié sa non-prise en charge par l’absence d’argent, Souad Cherouati assure avoir appris que cette même Fédération aurait payé un séjour de dix jours à Budapest à «deux nageurs non qualifiés au championnat du monde, à savoir Amel Melih et Nazim Blenkhoudja». Souad Cherouati a affirmé avoir payé elle-même les frais de sa participation aux compétitions pour faire les minima du championnat du monde. «Comment peut-on exiger cela pour un nageur et donner des invitations à d’autres ?» s’offusque-t-elle, qualifiant cette «gestion» d’«inadmissible et inacceptable».
«C’est un manque de respect envers les nageurs et leur travail. De plus, cela crée la zizanie entre les nageurs et dans le groupe à cause de ce favoritisme et de cette injustice», a-t-elle ajouté, dénonçant dans ce sillage le «harcèlement continu» qu’elle subit et qui la déstabilise.
Souad Cherouati a déjà fait ses preuves dans le domaine. Elle a décroché trois médailles d’or dans les Jeux islamiques. Ce qu’elle subit démontre l’incurie dans la gestion du sport algérien.
Hani Abdi
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