Des mains invisibles sont-elles derrière les feux de forêts en Kabylie ?
Les spéculations vont bon train ces derniers jours dans les régions de Kabylie devant l’effroyable multiplication des feux de forêts qui ont ravagé, en quelques jours, des centaines d’hectares, dont des vergers et des oliveraies, et sèment la panique dans plusieurs zones montagneuses.
Profitant d’une tendance assez bien ancrée à la victimisation, certains acteurs politiques et intervenants sur les réseaux sociaux n’hésitent pas à pointer des «mains criminelles» mais sans nommer personne. A qui profiterait, alors, un tel crime dans la conjoncture sociopolitique actuelle ? En d’autres termes : qui a intérêt à voir la Kabylie sombrer à nouveau dans le chaos ? Et à quelle fin ? Cherche-t-on à provoquer, à tout prix, un soulèvement populaire, dans le prolongement des événements – avortés – qui ont secoué cette région en janvier dernier ?
Pour l’instant, et devant l’urgence des événements, le débat citoyen n’en est pas encore là mais certains acteurs, comme le RPK (Rassemblement pour la Kabylie), s’y lancent déjà. Pour ce mouvement, qui revendique un statut d’autonomie pour la Kabylie dans le cadre d’une Algérie unie et démocratique, le fait que les incendies soient allumés dans plusieurs endroits de la région et au même moment «n’exclut pas le caractère criminel de ces actions». Dans un communiqué rendu public jeudi, le RPK exige une commission d’enquête pour faire «toute la lumière sur l’origine et les responsables de cette catastrophe». Il y a quelques jours, un cadre dirigeant du RCD avait suspecté, citant des témoins oculaires, des individus à bord d’un véhicule d’être à l’origine d’un incendie dans les environs de Tifra, à 50 km au sud-ouest de Béjaïa.
La théorie du complot trouve un terreau encore plus fertile chez les partisans du MAK qui voient dans ces incendies une forme de «punition» ou de «vengeance», voire comme une politique de «la terre brûlée» appliquée contre une région «insoumise»
Au-delà de la polémique, les critiques visent les pouvoirs publics qui ont montré une incompétence tout aussi coupable. Plan Orsec inefficace, communication et prévention nulles, absence des collectivités locales. Tout en saluant l’abnégation et le courage des sapeurs-pompiers, les citoyens en veulent aux autorités centrales, au gouvernement notamment, de ne pas avoir décrété l’état de catastrophe naturelle dans les principales wilayas de Kabylie. C’est le point de vue que défend le FFS qui, dans un communiqué de son secrétariat de communication rendu public jeudi, accuse le pouvoir d’avoir «failli dans la gestion de la chose publique». A cette occasion, le FFS appelle les pouvoirs publics à «assumer pleinement leur responsabilité devant la gravité» de la situation provoquée par cette série d’incendies dans plusieurs régions du nord du pays.
R. Mahmoudi
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