Un Français d’origine tunisienne pourrait succéder à Al-Baghdadi
Selon des médias arabes, c’est le terroriste français d’origine tunisienne Jalaluddin Al-Tunisi qui succédera au chef de Daech, Abou Bakr Al-Baghdadi, éliminé le mois dernier par une frappe des forces aériennes russes dans la banlieue sud de la ville syrienne de Raqqa (voir http://Moscou affirme avec un «haut degré de certitude» qu’Al-Baghdadi est mort – AP du 22 juin). Ce n’est qu’il y a quelques jours que Daech a confirmé la mort de son chef.
L’organisation terroriste annoncera le nom de son nouveau chef – très probablement Jalaluddin Al-Tunisi, de son vrai nom Mohamed Ben Salem al-Ayouni – qui est à la tête de la branche libyenne de Daech. Presque tous les dirigeants de Daech ont été tués et il est l’un des rares survivants.
Jalaluddin Al-Tunisi, âgé de 35 ans, originaire de la région de M’saken (Sousse), n’est pas inconnu des spécialistes de la question sécuritaire et de la lutte antiterroriste dans la région. Son parcours commence en France où il a émigré dans les années 1990 et où il a obtenu la nationalité française. Il est revenu en Tunisie au moment des troubles du Printemps arabe, en janvier 2011, pour vite partir en Syrie et intégrer les rangs du groupe terroriste Jabhat Ghuraba Al-Sham, dont le chef Hasan Jazra a été exécuté en 2013. En 2014, Jalaluddin Al-Tunisi prend la tête de ce groupe terroriste et apparaît pour la première fois dans une vidéo à la frontière entre la Syrie et l’Irak. Il fait allégeance à Daech pour se rapprocher d’Al-Baghdadi qui le nomme, en 2016, émir de Daech en Libye à la suite à la défaite des terroristes dans la bataille de Syrte.
Jalaluddin Al-Tunisi se signale par son activité criminelle en Libye – attentats-suicide et assassinat d’étrangers – et par les relations qu’il a tissées avec d’autres groupes terroristes en Afrique du Nord, dont le groupe Oqba ibn Nafaâ affilié à Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) qui opère dans la zone montagneuse à la frontière tuniso-algérienne. Des sources médiatiques arabes rappellent que Jalaluddin Al-Tunisi a joué un rôle déterminant dans le renforcement de Daech dans la région en réussissant à convaincre de nombreux terroristes d’autres groupes de faire défection pour rejoindre les rangs de l’organisation d’Al-Baghdadi.
Le Maghreb est considéré comme une des régions où Daech cherche à se développer après sa défaite en Irak et les coups reçus en Syrie. L’organisation terroriste pourrait vouloir délocaliser son centre vers la Libye, mettant à profit la situation chaotique et l’insécurité qui y prédominent depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011.
Daech va tenter de se redéployer dans les pays africains, notamment dans la région du Sahel et dans les zones où des groupes islamistes sont déjà actifs.
La Libye est infestée par les terroristes de Daech, particulièrement autour des villes de Bani Walid et Syrte. Tout indique que Salman Abedi – auteur de l’attentat-suicide revendiqué par Daech, qui a fait 22 morts et une centaine de blessés le 22 mai dernier à la sortie d’un concert à Manchester – a préparé son acte criminel à partir de la Libye. Son frère Hashem Abedi, arrêté le lendemain, également membre de Daech, prévoyait de commettre un attentat dans la capitale libyenne Tripoli.
Mais les récentes évolutions indiquent que la partie libyenne ne sera pas facile pour Daech. Il y a quelques jours, le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé que la ville de Benghazi avait été libérée des terroristes. On apprend également, d’après Reuters, après trois ans d’une fermeture imposée par les combats acharnés dans la région, que les vols commerciaux ont repris de l’aéroport international de Benghazi vers Tripoli et Koufra (sud-est du pays), mais aussi vers Amman (Jordanie) et prochainement vers Tunis, Istanbul, Alexandrie…
Houari Achouri
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