Session spéciale du bac : le sérieux sanctionné et les internautes pénalisés !
De nombreux internautes ont dû constater le très faible débit de l’Internet ces derniers jours. Un débit plus médiocre que d’habitude. Le réseau téléphonique connaît également des perturbations inexpliquées. Cette situation semble avoir un lien direct avec la session spéciale du bac qui a commencé jeudi dernier.
Le dispositif anti-triche mis en place lors de la première session a été reconduit. Et l’un des instruments contre les fuites des sujets du bac, c’est la perturbation par divers moyens techniques du réseau Internet. Une perturbation que les autorités n’ont jamais avouée ouvertement. Mais le constat est là. Il est sans appel.
Les désagréments vécus par les usagers de la téléphonie mobile et de l’ADSL s’offusquent de cette opération qui les pénalise pour une «cause perdue», à savoir celle des candidats retardataires au bac. Une cause perdue parce qu’elle a été organisée pour rien. Cette session spéciale, annoncée par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, en plein mois de Ramadhan au nom du président Bouteflika, a été marquée par un taux d’absentéisme historique : plus de 90% des 100 000 candidats convoqués à cette session n’ont pas répondu présents. Des salles d’examens vides, des centres d’examens avec seulement deux ou trois candidats et un personnel éducatif arraché de son congé annuel pour les besoins de cette session. Et cela sans compter les sommes colossales dépensées dans l’organisation et la sécurisation de cette session. C’est un véritable gâchis.
De nombreuses voix se sont élevées contre cette «session» organisée spécialement pour les retardataires. Certains ont appelé à une deuxième session pour, à la fois, les absents, les retardataires et les recalés en septembre prochain. Une sorte de bac de deuxième chance. Mais le président de la République, dit-on, en a décidé ainsi. Une grave erreur d’appréciation qui coûte de l’argent à l’Etat qui souffre de problèmes financiers mais qui porte un coup dur à la crédibilité de cet examen. Il faut rappeler qu’une semaine avant l’annonce par Tebboune de cette session spéciale, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, avait écarté de manière catégorique l’organisation d’une deuxième session pour les retardataires. Pour elle, le faire, ce serait une prime pour le manque de discipline et de rigueur. Surtout que sur les 760 000 candidats, seulement 10 000 ont été signalés comme retardataires. Autrement dit, en dehors des candidats libres qui ne se sont pas du tout présentés à cet examen, d’ailleurs ni à la première session ni à la deuxième, les autres candidats qui sont l’écrasante majorité avaient été à l’heure tout au long de l’examen qui a duré cinq jours.
L’annonce de la session spéciale a surpris les pédagogues, le personnel enseignant et la majorité des parents d’élèves qui se sont démenés pour que leurs enfants n’arrivent pas en retard et passent normalement les examens du bac. Ces mêmes parents d’élèves, et on l’a vu sur les réseaux sociaux, ont vivement critiqué cette décision prise par le président de la République qui est, pour eux, un non-sens à tout point de vue.
Pour eux, cela pose même un problème d’égalité des chances du moment que leurs enfants ont subi les examens du bac en plein mois de Ramadhan. Ce qui n’est pas le cas des bénéficiaires de cette session spéciale qui ont eu, faut-il le souligner, un temps supplémentaire pour mieux se préparer. Et enfin, c’est le sérieux des candidats qui se sont soumis dès le premier jour aux règles édictées par le ministère qui est aujourd’hui sanctionné.
Hani Abdi
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