Tebboune nettoie
Kamel Moulfi – Abdelmadjid Tebboune a-t-il décidé de reprendre la main ? C’est l’impression donnée par une série de faits entourant l’activité du successeur d’Abdelmalek Sellal, dont les premiers échos indiquent qu’il a eu à hausser nettement le ton plus d’une fois en présence des médias, lors de sa première sortie sur le terrain, annonçant en quelque sorte la couleur de son style de travail – à l’opposé de la complaisance populiste habituelle – et qu’il compte, visiblement, imprimer à son équipe. Doit-on croire que le gouvernement a la ferme intention d’en finir avec le laxisme qui a fait le bonheur des «prédateurs» bien placés dans les rouages de l’Etat ? Il est trop tôt pour l’affirmer. Dans ce type d’exercice, l’expérience algérienne recommande d’attendre pour voir le «concret» et la «durée».
Ce qui s’est passé au cours de la visite de Tebboune dans la wilaya d’Alger a rempli l’actualité et alimenté les commentaires, favorables ou hostiles, chacun y allant de son interprétation. Par quel fait commencer ? Sans doute, par le plus spectaculaire : le président du FCE, Ali Haddad, devenu un «intrus» dans l’entourage du gouvernement, entraînant derrière lui Sidi Saïd, son «homologue» de la centrale syndicale. Pour comprendre le choc provoqué par cette situation, il faut se rappeler le temps, pas lointain, où ce patron se comportait publiquement comme un Premier ministre bis à la tête d’une sorte de gouvernement parallèle, convoquant pour des audiences médiatisées vrais ministres et ambassadeurs. Autre décision «frappante» : le limogeage, séance tenante, du directeur de l’Agence nationale de réalisation et de gestion de la Grande mosquée d’Alger à cause du retard accusé dans les travaux. Il a été rapidement remplacé (voir article AP).
Est-ce la «fin de la récréation» pour les commis de l’Etat qui se remettraient donc à leur travail de contrôle, très longtemps abandonné pour des raisons inavouables ? La dénonciation officielle du déguisement de l’importation de véhicules en industrie nationale de l’automobile accrédite l’idée que le temps des «matches vendus» est terminé. Les personnes crédules qui se demandaient où allaient les crédits accordés par les banques au secteur économique, entendre le secteur privé, et que devenaient les assiettes foncières livrées aux porteurs de projets industriels, verront leur curiosité satisfaite. Jusque-là, seuls les plus futés avaient la bonne réponse, mais ils n’en soufflaient mot. Quant à la masse des Algériens, lassée par le désordre dû à l’absence de l’Etat, elle est tentée de dire «vas-y Tebboune, nettoie !».
K. M.
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