Le ministre de l’Industrie : «Les chiffres de Bouchouareb sont faux !»
Le ministre de l’Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, a déclaré hier que les chiffres communiqués par Abdeslam Bouchouareb sur le secteur étaient erronés, et a instruit les responsables des 12 groupes industriels publics pour la tenue d’assemblées générales extraordinaires de leurs complexes dans les plus brefs délais en prévision de changements radicaux dans le secteur, en fonction de la nouvelle stratégie de travail.
Dans une déclaration au quotidien arabophone Ehorouk, le ministre a annoncé qu’il allait opérer un vaste mouvement dans les directions de wilaya du secteur. Ce mouvement fera suite à celui opéré au sein du ministère et en vertu duquel les proches de Bouchouareb ont été évacués des postes de décision.
En outre, M. Bedda a instruit la commission chargée du cahier des charges relatif au secteur de l’automobile ainsi que de l’importation des véhicules neufs d’approfondir la réflexion à ce sujet. A propos de l’importation de véhicules neufs, le ministre a dit clairement qu’il n’est plus question d’autoriser l’importation à coups de devises de véhicules qui iront aux riches tandis que ceux qui sont dans le besoin resteront sur leur faim. Concernant la construction automobile, Bedda a indiqué qu’«on ne peut pas mettre en place un cahier des charges qui ne respecte pas l’intérêt national», allusion au précédent cahier des charges mis en place par Bouchouareb.
En tout état de cause, le ministre de l’Industrie et des Mines considère que le dossier de l’automobile n’est plus une priorité comparé à d’autres secteurs de l’industrie qui sont devenus des corps sans âme.
A propos de stratégie industrielle, Mahdjoub Bedda a expliqué que les 12 groupes industriels publics «doivent s’adapter aux changements à venir». Et d’ajouter que le défi de l’accélération de la cadence de la réforme et de l’action nécessite l’adoption d’une stratégie intégrée qui mettra fin à l’impasse que connaissent certaines entreprises et sociétés économiques entre les gestionnaires, les syndicats et les travailleurs et qui impacte lourdement la rentabilité de ces groupes qui devaient être le moteur de l’économie et sa force de frappe».
Le successeur de Bouchouareb a indiqué que les instructions données par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, visent à remettre de l’ordre dans les grands groupes industriels et à leur permettre de jouer les premiers rôles. Il a ajouté qu’il allait poursuivre le cycle de rencontres qu’il a entamées avec les syndicats du secteur, à l’instar de ceux de la SNVI et du complexe sidérurgique El-Hadjar d’Annaba. Ces rencontres visaient à écouter les préoccupations des travailleurs, mais aussi à lever toutes les entraves au bon fonctionnement des groupes industriels publics qui ont bénéficié de plans de relance sans en bénéficier réellement en raison d’une mauvaise coordination entre les différents partenaires.
Au final, M. Bedda a déclaré que «le temps de l’assistanat est révolu et la préservation des complexes industriels est la priorité du gouvernement», balayant par là même les rumeurs au sujet de la privatisation de ce qui reste du secteur public industriel.
Ces mises au point s’inscrivent en droite ligne de la campagne d’assainissement que connaît le ministère de l’Industrie et des Mines, où les pro-Bouchaoureb ont été «balayés» Elles font écho également au Premier ministre qui a jeté un pavé la mare tout récemment en déclarant que des projets qui ont coûté au Trésor public la bagatelle de 7 000 milliards de dollars «n’ont servi à rien». De son côté, Mahdjoub Bedda s’est illustré sur le dossier de la construction automobile en Algérie en qualifiant cette dernière d’«importation déguisée».
Ramdane Yacine
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