Tobrouk rejette le plan de sortie de crise d’Al-Sarraj : à quoi joue Haftar ?
Le président de la Chambre des représentants libyen, Aguila Saleh, a rejeté hier soir, dans la globalité et le détail, la feuille de route proposée dimanche par Fayez Al-Sarraj, le président du gouvernement reconnu par la communauté internationale, pour sortir le pays de la crise. «Nous ne permettrons pas la tenue d’élections ou l’application d’autres initiatives avant l’adoption d’une nouvelle Constitution qui définira la nature du régime politique de la Libye», a martelé Aguila Saleh, qui a douché ainsi l’espoir de Fayez Al-Sarraj de sortir les Libyens de l’impasse politique provoquée par le refus du gouvernement de Tobrouk d’appliquer l’accord politique interlibyen conclu en décembre 2015.
Pour s’assurer du soutien du gouvernement rival de Tobrouk à son initiative, Fayez Al-Sarraj n’avait pourtant posé aucune condition préalable à l’application de son plan de sortie de crise. Dans une déclaration à la presse, il avait même soutenu qu’il n’était pas opposé à la candidature du maréchal Khalifa Haftar à la présidentielle prévue par sa feuille de route. «Personnellement, je ne suis contre la candidature de personne à la présidence, y compris celle Khalifa Haftar. C’est au peuple libyen qu’il revient d’élire le président de son choix, pas à moi», a insisté Fayez Al-Sarraj.
A rappeler que le chef du GNA a proposé des élections présidentielle et parlementaires en 2018 avec l’espoir de mettre fin à l’insécurité et aux rivalités politiques qui affectent le pays depuis 2011. «Des élections présidentielle et parlementaires au suffrage universel seront organisées en mars 2018», avait-il indiqué lors d’un discours diffusé à la télévision dans la nuit de samedi à dimanche. Le mandat du président et des députés durera «au maximum trois ans», mais pourra expirer avant si la rédaction de la Constitution est achevée, a-t-il ajouté, précisant que le projet de Constitution serait soumis à référendum qui sera lui-même suivi de nouvelles élections.
Al-Sarraj a également présenté une «feuille de route» en neuf points pour sortir le pays de la crise et relancer l’accord politique signé entre les groupes rivaux libyens fin 2015 sous l’égide des Nations unies et qui avait donné naissance au GNA. Selon la feuille de route, le GNA resterait en place «jusqu’à la nomination d’un Premier ministre par le chef de l’Etat élu et l’approbation d’un nouveau cabinet par le Parlement». M. Al-Sarraj a par ailleurs proposé que «la haute commission des élections, en coordination avec l’ONU, prépare et supervise le déroulement des élections».
Le rejet par les autorités de l’Est libyen de son plan est difficile à comprendre dans la mesure où dans les conditions actuelles, il est difficile pour les Libyens de rédiger une nouvelle Constitution. Il est clair que Tobrouk veut rester dans le statu quo actuel…avec tous les risques que cela fait peser sur la Libye.
Sadek Sahraoui
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