Le chef d’état-major de l’armée française met sa menace à exécution
Le chef d’état-major de l’armée française vient de claquer la porte après avoir dénoncé les restrictions budgétaires que le gouvernement lui a imposées. Cette démission de l’homme fort de l’institution militaire traduit le malaise profond qui règne au sein de l’armée française, engagée dans des opérations hors des frontières pour, argue-t-on, combattre le terrorisme islamiste.
L’attitude à adopter face aux sérieuses menaces d’attentat qui pèsent sur la France n’est pas perçue de la même façon par les professionnels de la sécurité et les responsables politiques. Alors que l’armée et la police réclament plus de moyens humains et matériels, Emmanuel Macron, fraîchement élu et contraint de gérer les finances publiques au compte-gouttes, a dû réviser certaines dépenses à la baisse. Le nouveau locataire de l’Elysée veut, en effet, éviter d’aggraver la situation très fragile héritée de ses prédécesseurs de gauche comme de droite.
Cet épisode tourne la page d’une relation qui paraissait symbiotique entre la «grande muette» et les décideurs politiques. La démission du général Pierre de Villiers, ce matin, augure d’une nouvelle étape dans ce rapport entre la puissance de feu et les centres de décision, dans un contexte marqué par une exacerbation du danger terroriste dans le monde et l’enlisement de nombreux conflits dans la provocation desquels la France a joué un rôle-clé, aux côtés de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de certains Etats du Golfe.
Il sera difficile pour Emmanuel Macron de convaincre l’état-major de son armée de la justesse de sa décision. Si, tradition démocratique oblige, les militaires français s’abstiendront de se rebeller contre le pouvoir central, il n’en demeure pas moins que le départ fracassant du premier responsable de cette institution, au lendemain du défilé du 14 Juillet, a révélé la colère qui gagne de plus en plus de soldats et de policiers face à l’inadéquation de la politique sécuritaire prônée par les gouvernements successifs avec les besoins du moment en matière de lutte antiterroriste. Les militaires croyant même déceler dans les choix des décideurs politiques une approche machiavélique visant à assurer leur survie politique au détriment des intérêts de la France.
M. Aït Amara
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