Populisme subtil
Par R. Mahmoudi – Le Premier ministre Tebboune est depuis quelques semaines sur tous les fronts, y compris politique, en se disant prêt à recevoir les chefs de l’opposition ; une tâche qui était jusque-là l’apanage de la présidence de la République ou de son directeur de cabinet. Il met tous les ministères en ordre de bataille en pleine période de vacances et oblige les ministres à assurer un rythme d’activité normal et, accessoirement, à faire de la politique, en mettant ainsi la main à la pâte pour essayer de retisser les liens de confiance avec une population désabusée et longtemps livrée à elle-même. Le ballet des ministres ces derniers jours à Tizi Ouzou, haut lieu de la contestation populaire, montre à quel point le pouvoir a besoin d’un nouveau contrat social, seul moyen pour lui d’assurer sa survie dans les années de crise qui nous guettent.
Il faut s’attendre, à l’approche de la rentrée, à des signes d’ouverture envers les partenaires sociaux et, pourquoi pas aussi, à d’importantes concessions en faveur des forces productives et en matière de libertés collectives, quitte à déplaire à certains apparatchiks du système. C’est à n’en pas douter du populisme, mais un populisme sous une forme tout à fait nouvelle, plus subtile, plus persuasive et, disons, plus rentable.
La méthode Sellal, apolitique et hyperbureaucratique, s’est avérée sans effet sur la crise morale qui paralyse le pays depuis au moins, il faut le dire, le début du quatrième mandat du chef de l’Etat. Le boycott des dernières élections législatives par la majorité de la population, malgré la participation de tous les partis politiques, a été perçu d’abord comme un désaveu du pouvoir en place. Celui-ci supportera très mal un second camouflet à l’automne prochain.
Tebboune est-il l’homme qu’il faut pour lui éviter une mauvaise passe ?
R. M.
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