Ali Benhadj et l’émir
Par R. Mahmoudi – Après Mokri et son compère Hassan Aribi, c’est autour de l’ex-numéro deux du parti dissous Ali Benhadj de monter au créneau, à travers les réseaux sociaux, pour défendre l’émirat du Qatar. Plus acharné que tous, Ali Benhadj est même allé, dans un écrit étonnant, jusqu’à accuser la monarchie saoudienne de nourrir, tenez-vous bien, «l’extrémisme le plus sanglant» par son idéologie mortifère et son soutien aux «groupes terroristes qui sèment la mort la désolation dans le monde».
Il ne faut pas, bien sûr, croire que l’ancien gourou du FIS a fait son repentir parce qu’il n’a jamais condamné, à ce jour, le terrorisme qu’il a lui-même nourri durant des années dans son propre pays. Au contraire, tous ses prêches et ses écrits (sur son site ou sur Facebook où il est aussi prolifique que le chef du MSP) reproduisent les mêmes appels à la haine, à la division ; les mêmes canevas en fait qui ont présidé à la création du FIS, le tout enrobé dans une sorte de critique politique du pouvoir. Cela dit, l’aveu d’Ali Benhadj nous aide à comprendre deux choses importantes : la première est que tous les activistes islamistes algériens, y compris les plus radicaux, sont à la solde du Qatar. Cela n’empêche pas qu’une partie d’eux – c’est Benhadj lui-même qui le dit – ait été par le passé instrumentée par l’Arabie Saoudite.
La seconde chose que suggère ce nouveau discours d’Ali Benhadj est que la secte des Frères musulmans, pourtant acculée après sa débâcle en Egypte et la mise en quarantaine du Qatar, serait en passe de récupérer le gros de la mouvance salafiste (dans ses deux faces quiétiste et djihadiste) apparemment – ou tactiquement – lâchée par son principal pourvoyeur, l’Arabie Saoudite. Ce qui prouve que le centre de gravité de l’islamisme politique s’est réellement déplacé. Que changera-t-il à l’avenir ? Il faut suivre les écrits… d’Ali Benhadj.
R. M.
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