Tahkout, Djemaï et les autres sont-ils aussi dans le collimateur de Tebboune ?
Tous les médias se sont focalisés sur Ali Haddad, en décrivant le bras de fer qui l’oppose au Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, comme une bataille où se joue le sort des hommes d’affaires dans le monde de la politique et, par extension, celui des investisseurs réputés véreux ou cités dans des affaires suspectes.
Par un tel raccourci, on omet de citer des lobbyistes ayant une part tout aussi active dans les centres de décision ou bénéficiant de «parrainage» qui échappe au FCE et à son président. Ce qui explique l’impunité dont jouissent certains hommes d’affaires et qui révolte l’opinion. C’est le cas, par exemple, de Mahieddine Tahkout, qui a défrayé la chronique il y a quelques mois, suite à l’éclatement du scandale du faux montage de véhicules à Tiaret. Aucune enquête n’a été diligentée pour vérifier la véracité des révélations largement relayées par la presse et les réseaux sociaux.
Avec l’aide de quelques titres à sa solde, le sulfureux investisseur a tenté de détourner l’attention de l’opinion vers un cahier des charges dont il n’a jamais pu définir les termes, en se cachant derrière le ministre de l’Industrie et des Mines de l’époque, Abdesselam Bouchouareb, qui avait autorisé ce projet, tout en se targuant d’avoir propulsé l’industrie de l’automobile en Algérie sans jamais avoir expliqué dans quelles conditions, ni à quel prix.
C’est finalement Bouchouareb qui en fera les frais, puisqu’il sera évincé sans ménagement du gouvernement. Tahkout et son groupe éponyme restent, eux, au-dessus de tout soupçon. Le gouvernement va-t-il exhumer cette affaire, ne serait-ce que pour être logique avec ses promesses et se faire crédible ? Va-t-il prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore ? Car le cas Tahkout n’est pas le seul. Il y a des exemples qui incarnent mieux cette collision fatale entre les affaires et la politique. La montée de Bahaeddine Tliba est l’illustration la plus caricaturale de l’intrusion de l’argent sale en politique (la chkara). Propulsé jusqu’au poste de vice-président de l’APN par le FLN d’Amar Saïdani où il est chargé, entre autres, de porter la propagande subversive de l’impertinent patron du parti contre ses adversaires et notamment contre le chef des services de renseignement. On se souvient de l’insolence et la cruauté dont il a fait montre dans un entretien télévisé réalisé, suprême mépris des institutions, dans son bureau même au Parlement. Indécrottable, l’homme survit à son chef et revient en tant que député d’Annaba. S’il a quitté son poste à l’auguste Assemblée, il garde intacts ses relais et ses entrées qui le réintroduiront dans les cercles de décisions.
L’autre responsable ripou du FLN, Mohamed Djemaï. Cet homme a non seulement introduit la barbouzerie jusque dans l’enceinte de l’APN mais continue à jouir de l’impunité totale, grâce à l’immunité parlementaire, mais aussi grâce à ses accointances plus vastes et plus insoupçonnées. Ces deux hommes ne cachent pas leur ambition de faire main basse sur le FLN au moment où toutes les tentatives de redressement du parti menées par d’anciens militants préoccupés par tant de dérives sont littéralement bloquées soit par l’administration, soit par des groupes de pression où, justement, ces affairistes auraient des appuis puissants.
Le gouvernement actuel est-il décidé à mener une opération «mains propres» en s’attaquant au problème à la racine ou cherche-t-il seulement à régler des comptes à des personnes ? Toute la question est là.
R. Mahmoudi
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