L’aveu d’Emié

Emié
Bernard Emié. D. R.

Par Sadek Sahraoui Contrairement à ce que soutiennent vicieusement certains cercles anti-algériens, selon lesquels le pouvoir algérien est inféodé corps et âme à Paris, la France est, certes, influente en Algérie, mais pas au point d’y faire la décision. Malgré leur connaissance approfondie du fonctionnement du sérail politique algérien et leurs nombreuses entrées, les plus hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay sont souvent pris de court par les grands événements qui se produisent chez nous. Le constat s’est, d’ailleurs, vérifié dans le cas du remplacement, le 24 mai dernier, d’Abdelmalek Sellal par Abdelmadjid Tebboune.

Les médias français rapportent, à ce propos, que l’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, n’a absolument rien vu venir. Le prédécesseur de Xavier Briencourt, aujourd’hui patron de la DGSE, aurait, d’ailleurs, tancé ses collaborateurs, leur reprochant de ne pas avoir anticipé l’événement. «Que vais-je dire maintenant au Quai d’Orsay ?», aurait-il lancé en apprenant la composition du nouveau gouvernement algérien. Le «ratage» de l’ambassadeur de France et de son équipe est d’autant plus cocasse que le départ de Sellal était dans l’air depuis plusieurs semaines. Pratiquement tout le microcosme algérois était au courant que Tebboune allait lui succéder.

Cet épisode intervient alors que la France a investi des moyens considérables pour épier les moindres faits et gestes de ce que certains appellent «le pouvoir algérien». En plus de ses espions, la DGSE dispose, en effet, d’importantes infrastructures d’écoute capables de siphonner toutes les communications du Maghreb.

Les renseignements français possèdent également un supercalculateur qui déjà est parvenu à pirater les systèmes informatiques d’une dizaine d’Etats et un réseau de satellites-espions. Tout cet arsenal technologique n’a, cependant, pas été suffisant pour venir à bout de nos principales lignes de défense et compromettre notre autonomie de prise de décision. L’Algérie n’est, certes, pas une superpuissance, mais elle reste quoi qu’on dise un pays indépendant, n’en déplaise à ceux qui passent leur temps à affirmer le contraire.

S. S.

Comment (6)

    anonyme
    22 juillet 2017 - 23 h 32 min

    L’important pour les Français qui font semblant d’être surpris ce n’est pas les noms des ministres ou les changements de gouvernements mais celui qui les nomment, c’est lui l’important et il est toujours là..

    H-B
    22 juillet 2017 - 22 h 17 min

    L’Algérie est une puissance régionale sur tous les plans et internationalement reconnue. Surperpuissance non, mais une grande puissance régionale et continentale et vouée à la rester car c’est son histoire qui l’exige.

      MELLO
      23 juillet 2017 - 13 h 12 min

      Attention, l’histoire a laissé pas mal de pays sur place, ceux qui se sont trop attachés à leur histoire. Je veux dire que l’histoire reste insuffisante, dans ce cadre là, car une puissance ne peut pas occuper les dernières places de tous les classements mondiaux ( tout domaine confondu).

    L'inspecteur
    22 juillet 2017 - 20 h 01 min

    Détrompé vous Mr journaliste les Français sont experts dans l’intox quand il s’agit de protéger leurs réseaux en Algérie constitués d’hommes et de femmes bien placés et bien tenues par leurs bien cachés en France sans parler des papiers de connivences à leurs proches.
    Ce changement d’hommes politiques n’était qu’un changement de cartes grillées par des nouvelles pour mieux tromper le peuple algérien et ça fait le jeux des Français et leurs réseaux.

    MELLO
    22 juillet 2017 - 17 h 31 min

    Comment peut on voir venir ce changement dont la nomination de TEBBOUNE fut une surprise pour tous; Logique je dirais , dans un système qui joue en  » autarcie » on ne peut que voir les trains passés. Pourtant après les élections du 4 mai dernier, M. Sellal , alors premier ministre, a commencé à discuter avec des partis qui soutiennent le président Bouteflika, en vue de constituer un nouveau gouvernement , car sa reconduction à la tête du gouvernement semblait aller de soi, même si nombre d’analystes voyaient dans ses consultations une entorse à la Constitution. Par la suite, les choses se sont brutalement accélérées durant la semaine suivante, on se jouait des coudes, quand M. Tebboune, alors ministre de l’habitat, a dénoncé les blocages qui l’empêchaient d’achever le programme de logements, un des projets phare du chef de l’Etat. Il mettait publiquement en cause le ministre des Finances, et, par ricochet, le Premier ministre, incapable d’arbitrer ou d’exercer son autorité. Le bras de fer a connu son épilogue mercredi 24 mai, avec l’annonce du départ de Sellal, et son remplacement par … Tebboune. Dans cette cacophonie, un ministre , celui du tourisme a, juste , pris 48 h d’occupation de son poste, un record du monde. C’est dans toute cette boutade que l’ambassadeur de France n’a rien vu venir. Mais dire que cette France ne s’implique pas dans les rouages de l’Etat Algérien , c’est méconnaître les méandres plus profond de ce pouvoir Algérien , car ce changement reste, tout de même, technique qui ne touche pas aux équilibres au sein du pouvoir. Et l’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, sait une chose qui nous échappe , c’est cette impunité qui touche ce poste, car Tebboune obéit à un agenda. Il n’a pas de comptes à rendre aux Algériens, ni à leurs élus. Les députés ne peuvent pas le destituer, et les citoyens ne disposent pas de moyens institutionnels pour le contester. L’expérience de Sellal, comme de ses prédécesseurs, est toute fraîche. L’ancien premier ministre est rentré tranquillement chez lui, sans rendre compte de sa gestion. Il était aux affaires quand l’argent coulait à flots, et il a ouvert les vannes, dans une attitude qui frise l’irresponsabilité et personne ne s’en offusque.

    Anonyme
    22 juillet 2017 - 15 h 47 min

    Pourvu que Tebboun fasse du net totale et décide enfin de faire les bonnes réformes.
    La France ne peut pas empêcher la bonne gouvernance.

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