Tebboune-FCE-UGTA : une rencontre pour la réconciliation ou le divorce ?
La mèche de la brouille entre le Premier ministre, d’un côté, et les patrons du FCE et de l’UGTA, de l’autre, ne s’est pas encore totalement éteinte qu’une rencontre vient d’être programmée pour, dit-on, préparer la prochaine tripartite. Sur fond de ce qui semble être un «règlement de comptes» entre l’Etat et le très médiatique Ali Haddad, Abdelmadjid Tebboune s’apprête à réunir les partenaires sociaux pour échanger sur les nouvelles orientations économiques dont on entrevoit une remise en cause de plusieurs chantiers entamés par son prédécesseur, Abdelmalek Sellal.
Bien qu’amplifiés par les médias, les choix de l’ancien Exécutif «contestés» par le nouveau gouvernement ne seront pas remisés au placard mais connaîtront des ajustements. Il en va ainsi du dossier du montage automobile qui a défrayé la chronique, suite à la dénonciation par le nouveau ministre de l’Industrie de ce qui est qualifié à demi-mot de «supercherie». Bedda s’attaque ainsi frontalement à Bouchouareb mais également à Sellal qui s’étaient empressés de défendre Tahkout, en affirmant que son usine de Tiaret était «aux normes» et que le taux d’intégration était «conforme» aux cahiers des charges. L’inauguration par Sovac de son usine de montage à Relizane ce jeudi, en présence de représentants du gouvernement, prouve que le projet entamé par Sellal visant à asseoir une industrie automobile en Algérie n’a pas été, et ne sera pas, abandonné.
Hier, Ali Haddad a répliqué en affirmant que l’Etat lui devait plus de dix milliards de dinars pour les projets achevés et dont la facture n’aurait pas été honorée par le client. Cette réaction fracassante du patron de l’ETRHB et le chiffre mirobolant qu’il cite confirment, paradoxalement, que le patron du FCE avait le quasi-monopole sur les marchés dans le domaine des travaux publics. Il devra sans doute expliquer à l’opinion comment cette expansion rapide de son groupe a pu être possible en seulement quelques années et pourquoi sa fortune a été bâtie sur des commandes émanant exclusivement de l’Etat.
De son côté, Abdelmadjid Sidi Saïd essaye tant bien que mal de se sortir de la tempête qu’il a soulevée au sein de la centrale syndicale après son soutien ouvert au patronat. Un soutien qui suscite moult interrogations. Hier toujours, le secrétaire général de l’UGTA a fait signer à ses douze secrétaires nationaux un document dans lequel ils affirment prendre fait et cause pour leur chef. L’ont-ils fait de leur propre gré ? Rien n’est moins sûr.
Que cache toute cette agitation ? On devrait y voir plus clair ce dimanche.
Karim Bouali
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