Une base saoudienne utilisée par la coalition ciblée par des missiles yéménites
La base aérienne du roi Fahd à Taef (ouest de l’Arabie Saoudite), servant au décollage des avions de la coalition arabe pour bombarder le Yémen, a été la cible d’une salve de missiles yéménites dans la nuit de jeudi 27 juillet, selon des sources militaires à Sanaa. A Riyad, l’Alliance annonce avoir intercepté «un missile balistique lancé vers La Mecque» pour «perturber la saison du Hadj». La base militaire de Taef est située à environ 65 km à l’est de La Mecque.
Cette base de Taef, d’où partent les bombardiers de la coalition menée par l’Arabie Saoudite qui attaquent le Yémen sans interruption depuis 2015 avec l’aide des conseillers militaires américains, a fait l’objet de tirs de plusieurs missiles de type Borkane1, de moyenne portée, qui ont atteint leur cible avec précision et causé plusieurs incendies à ses installations, selon des sources militaires yéménites citées par la presse. Celles-ci précisent que l’armée yéménite a «tiré plusieurs missiles en même temps afin d’empêcher le système de missile sol-air Patriot de les intercepter».
A Riyad, l’agence de presse saoudienne rapporte ceci : «Le commandement de l’Alliance arabe en faveur de la légitimité au Yémen a annoncé que les forces de défense aérienne de l’Alliance ont réussi à intercepter un missile balistique lancé vers La Mecque par les milices houthies, une tentative désespérée de perturber la saison du Hadj». Ce tir de missile qui n’a pas causé de préjudice, confirmé aux yeux de l’Alliance «que le trafic sans interruption de missiles dans les territoires yéménites provient du système de contrôle et de surveillance du port d’Al-Hodeïda», qui devra être soumis à un contrôle par l’ONU.
Le président du Comité révolutionnaire, Mohammad Ali Al-Houthi, a rétorqué sur sa page Facebook que les missiles balistiques du Yémen ne bombardent que la seule base aérienne à Taef, d’où s’envolent les avions qui tuent le peuple yéménite et que «La Mecque est trop chère à (ses) yeux pour servir de “surenchère”». Il a conseillé aux pays de l’agression américano-saoudienne et leurs alliés de «rester à l’écart de la promotion de fausses nouvelles» à propos du ciblage de La Mecque et de la contrebande d’armes, soulignant que «la force de missiles repose sur la seule expertise locale du Yémen» et que cette force n’a pu être détruite au début de la guerre, comme soutenu par la coalition.
Le responsable des forces Ansar Allah (Houthis) a renouvelé la mise en garde lancée aux compagnies pétrolières exerçant en Arabie Saoudite, considérées comme cibles militaires, de quitter rapidement ce pays, après le lancement réussi, samedi 22 juillet, d’un missile de longue portée de type Borkane2-H contre les raffineries pétrolières de Yanbu, ville portuaire située sur la côte de la mer Rouge, dans l’ouest-est de l’Arabie, à 1 000 km des frontières avec le Yémen. A Riyad, on a nié cette attaque en expliquant que l’incendie observé suite à ce missile «était provoqué par la chaleur extrême».
Par contre, la compagnie pétrolière saoudienne Aramaco a aussitôt lancé un appel d’offres pour assurer la sécurité de ses installations et elle a reçu des offres de la part des compagnies américaine Raytheon, allemande Rheinmetall et britannique Selex. Selon l’agence Reuters, citée par l’agence iranienne Fars News, qui rapporte cette information, cette offre prévoit «l’installation d’une batterie antimissile à longue portée dans 9 bases maritimes dans le golfe Persique».
Après l’attaque contre Yanbu, le porte-parole adjoint de l’armée yéménite, Aziz Rached, cité par la TV Al-Massirah (proche d’Ansar Allah), a mis en garde Riyad contre de nouvelles frappes dissuasives, assurant que «l’armée poursuivra ses attaques contre des zones ayant un caractère vital (en Arabie) tant qu’il n’est pas mis fin à l’agression contre le Yémen».
C’est dans ce contexte d’escalade sur le terrain militaire entre les différentes forces en présence que le Parlement yéménite (élu 1996), représentant tous les Yéménites, a entrepris une initiative pour relancer le processus de dialogue, trouver une issue pacifique à ce conflit qui a fait des milliers de victimes parmi les civils yéménites, tués par les bombes, la famine dont souffrent 17 millions de Yéménites, le choléra qui a causé la mort de 1 700 personnes et le blocus total contre ce pays.
Cet appel des représentants légitimes du peuple yéménite aux «parties intéressées à établir un dialogue global sans conditions préalables et sous contrôle international et conduisant à une solution politique juste pour assurer la paix et la stabilité du Yémen et de la région et l’accès à un partenariat politique national et vrai» sera-t-il entendu par ceux qui ont à cœur d’aider le Yémen à retrouver la paix ?
Houria Aït Kaci
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