Messahel au Moyen-Orient : le grand retour de l’Algérie sur la scène arabe
La diplomatie algérienne fait un retour remarqué sur la scène arabe. Elle a choisi un moment propice pour se redéployer et imposer sa présence : l’absence quasi totale d’arbitrage dans le monde arabe, incarnée par l’apathie persistante de la Ligue arabe et aggravée, depuis peu, par la grave crise qui déchire les pays du Golfe et l’Egypte.
C’est le sens à donner au périple qu’entame depuis hier le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et qui le mènera dans huit pays du Moyen-Orient. Messahel se rendra successivement en Arabie Saoudite, en Egypte, à Oman, au Bahreïn, au Qatar, au Koweït, en Jordanie et en Irak. Il est porteur d’un message du président de la République aux souverains et chefs d’Etat de ces pays, ce qui confère à ce redéploiement une dimension stratégique.
Selon le communiqué du ministère des Affaire étrangères, les entretiens qu’aura le ministre avec ses homologues porteront essentiellement sur les questions d’ordre régional et international, en particulier la situation dans le monde arabe, les crises qui affectent la Libye, la Syrie, le Yémen et la région du Golfe. Ce qui suppose que l’Algérie a non seulement une vision globale de toutes ces questions mais, surtout, envisage de s’y impliquer plus activement, en proposant notamment ses bons offices. Elle compte mettre à profit sa présidence de la Ligue arabe, qui vient d’entrer en vigueur tout récemment, pour consacrer ce rôle d’arbitre et voir comment avancer pour relancer l’action arabe commune dans un contexte extrêmement complexe.
L’Algérie a toutes les chances d’être écoutée par les dirigeants arabes, et peut d’ores et déjà s’engager aux côtés du Koweït dans son initiative pour résoudre la crise du Golfe. Une éventuelle implication de l’Algérie donnera plus de crédit à cette médiation qui reste timorée et inefficace à cause de l’entêtement des deux parties au conflit (l’Arabie Saoudite et ses alliés d’un côté, et le Qatar de l’autre) mais aussi du fait que la neutralité du Koweït est indirectement contestée.
L’Algérie peut mettre en exergue sa longue expérience dans le domaine du règlement des conflits régionaux dont les plus récents au Mali et en Libye, qui lui ont fait gagner une crédibilité qui dépasse les frontières de la région. Autant de cartes qu’elle a entre les mains pour réussir cette mission et se faire rapidement une place centrale dans le monde arabe.
R. Mahmoudi
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