Algérie-Maroc : quand le Sénat français bâcle son rapport
Le Sénat français met en ligne son dernier rapport d’informations qui traite de l’Algérie. Elaboré par le sénateur Simon Sutour, ce rapport, fait au nom de la Commission des affaires européennes sur le volet méditerranéen de la Politique de voisinage et présenté ce 27 juillet, est consacré à l’Algérie, décrite comme un pays fermé et stagné.
Ce rapport, d’une cinquantaine de pages, semble avoir été bâclé. Fait après avoir écouté et interrogé plusieurs hauts responsables algériens, dont le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja, le sénateur du tiers présidentiel, Omar Ramdane et des responsables au ministère des Affaires étrangères, ce rapport contient des imprécisions et de fausses données qui diminuent grandement de sa valeur informative et de la pertinence de ses conclusions un peu hâtives sur ce que serait l’Algérie de demain.
Ainsi, à titre d’exemple, en évoquant les échanges très faibles de l’Algérie avec les autres pays du Maghreb, les rédacteurs parlent de l’imposition d’un visa d’entrée entre l’Algérie et le Maroc. «La fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc et l’instauration concomitante d’une procédure de visa entre les deux pays depuis 1994 apparaissent comme les symboles de l’absence d’interconnexion dans cette région et les limites évidentes à la libre circulation des personnes et des marchandise», lit-on dans ce rapport censé éclairer les parlementaires et les hommes politiques français sur la situation générale en Algérie et sur l’état de ses relations avec ses voisins immédiats.
Les rédacteurs du rapport, qui ont séjourné en Algérie où ils ont rencontré de hauts responsables, ne savent-ils pas que le visa d’entrée n’existe plus entre l’Algérie et le Maroc depuis plus de dix ans ? Instauré de manière unilatérale par le Maroc en 1994 dans le sillage de l’accusation de l’Algérie d’avoir été derrière les attentats de Marrakech, le visa a été également exigé par l’Algérie aux Marocains, dans le cadre de la réciprocité, accompagné de la fermeture à ce jour de la frontière terrestre.
En 2005, lors du Sommet de la Ligue arabe à Alger, Mohammed VI, après une longue entrevue avec le président Bouteflika, avait supprimé le visa pour les Algériens. Une année plus tard, l’Algérie avait appliqué de son côté la réciprocité, en supprimant le visa pour les Marocains. Une mesure qui est toujours en vigueur.
Comment une commission parlementaire peut-elle commettre une bourde pareille dans un rapport officiel censé être précis et documenté ? Cette bourde renseigne sur le sérieux de ceux qui sont en charge d’élaborer ces rapports d’informations, souvent repris massivement par les médias.
Hani Abdi
Comment (27)