L’après-El-Alia
Par R. Mahmoudi – Tous ceux qui s’attendaient à une suite du feuilleton de l’été, faite de rebondissements et, pourquoi pas aussi, de coups de théâtre, voire de coups d’éventail, après les images fortes prises à l’enterrement de Rédha Malek en ont eu pour leurs frais : il risque de ne rien se passer qui puisse amuser plus longtemps la galerie. A moins d’une surprise…
En revanche, ceux qui croient que la hache de guerre a été définitivement enterrée ce jour-là à El-Alia risquent, eux aussi, de déchanter parce qu’il faudra du temps, et des sacrifices, pour reconstruire la confiance rompue par un coup de Jarnac apparemment mal calculé, et des réactions qui trahissent un raidissement ancré chez le patronat et la centrale syndicale. Les trois partenaires ne peuvent se permettre, pour l’instant, une confrontation ouverte. La situation est encore trop fragile, sur les plans sociéconomique et politique, pour qu’ils continuent à se faire la guerre.
Nul ne peut prévoir comment sera la rentrée sociale, bien que Tebboune, rassuré par Sidi-Saïd, ait promis une rentrée «calme». Mais les deux savent que l’Algérie est assise sur un chaudron. Les contestations sociales peuvent éclater à tout moment, et risquent, comme à chaque fois, d’échapper à tout contrôle. Aussi le pouvoir sait-il qu’il ne peut plus compter sérieusement sur les partis politiques pour encadrer la population, a fortiori en Kabylie où le vide institutionnel encourage les extrémistes du MAK à grignoter de plus en plus d’espaces publics.
Il reste cet engagement, hâtif mais courageux, pris par le Premier ministre d’aller vers un assainissement de l’activité économique et de réduire l’immixtion des hommes d’affaires dans la vie politique. La meilleure façon de le faire est d’engager un débat public et d’y associer tout le monde, tout en fixant des règles en totale conformité avec la loi. Les anciennes expériences ont montré que les opérations «coups de poing» ne font généralement qu’aggraver le fléau.
R. M.
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