Qui bat en retraite ?
Par Kamel Moulfi – L’intervention d’Ali Haddad devant les membres du FCE a été, curieusement, moins commentée que son éclat de rire sans parole, dimanche dernier au carré des Martyrs du cimetière El Alia. Elle constitue pourtant un élément d’analyse plus sérieux que la scène d’enfantillages observée lors des funérailles de Rédha Malek. Mais elle ne va pas dans le même sens et pose donc problème à ceux qui s’accrochent à l’idée que la «remise en ordre» envisagée par Premier ministre n’est pas vraie, qu’il aurait opéré une reculade, qu’il est affaibli et désavoué, etc.
Ali Haddad a-t-il voulu répondre lui-même, implicitement, à ces commentaires en se faisant le porte-parole de Tebboune auprès du FCE qu’il préside ? Qu’est-ce qui empêche de penser que c’est plutôt Haddad qui bat en retraite, brutalement remis à sa place, c’est-à-dire dans les limites du FCE ?
En fait, ce qu’il a dit ne donne pas du grain à moudre, aux yeux des commentateurs qui sont allés trop vite en besogne en voulant hâtivement enterrer la démarche courageuse du Premier ministre, consistant pourtant seulement à demander des comptes à certains patrons. Où va l’argent que les banques publiques leur prête ? Aux investissements créateurs de richesses et d’emplois en Algérie ou dans autre chose qui ne sert pas l’intérêt national mais satisfait leurs caprices et ceux de leurs proches ? Ce n’est sans doute pas de gaieté de cœur que le pouvoir s’en prend à eux après les avoir choyés. La situation financière «tendue», selon le propos du Premier ministre, exige du pays qu’il compte ses sous. Cela signifie-t-il que le temps des cadeaux généreusement distribués par l’Etat au monde des affaires est fini ?
Un fait est certain : la préparation en plein mois d’août de la réunion de la tripartite prévue pour le 23 septembre a déjà gâché des vacances de luxe passées habituellement à l’étranger. Autre contrainte majeure durant cet été : la rentrée sociale doit être calme, a suggéré le Premier ministre à ses partenaires. Cela suppose de veiller aux indicateurs de la paix sociale. C’est sur ce front que la hache de guerre ne doit pas être déterrée. Et ça, le pouvoir le sait.
K. M.
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