Idiot ou pervers ?
Par M. Aït Amara – L’agitateur vedette de la chaîne subversive qatarie Al-Jazeera s’est fendu d’une tribune dans un média arabe paraissant à Londres dans laquelle il mêle lamentations et sournoiserie. Fayçal Al-Qacim, Syrien d’origine mais entièrement dévoué à la dynastie des Al-Thani, regrette que le «printemps arabe» ait conduit la Syrie, le Yémen et la Libye à une nouvelle colonisation.
A vrai dire, cet animateur d’une émission-pugilat sur Al-Jazeera, où les invités s’échangent moins les idées que les insultes et les coups de poings avec son attentive bénédiction, insinue, en filigrane, que l’œuvre «libératrice» des peuples des jougs dictatoriaux, conduite par son pays d’adoption qui l’héberge et le paye en dollars sonnants et trébuchants, a été – en quelque sorte – «sabotée» par des pays tiers qui nourrissaient des ambitions colonisatrices vis-à-vis de ces pays désormais en guerre.
«Idiot ou pervers ?» serions-nous tentés de nous interroger, en parcourant la chronique du zélateur des soulèvements dans cette région du monde dans un contexte où, pourtant, tout indiquait que ce qui sera qualifié de «printemps» allait déboucher sur la destruction pure et simple de ces Etats livrés à l’inculture, à la soumission, au fatalisme par des dictatures multi-décennales instaurées par les puissances occidentales à des fins qui s’adaptaient à leurs besoins du moment.
Ces régimes ne convenant plus aux exigences actuelles, il fallait donc les déboulonner et leur substituer le chaos. Et ce clairon d’Al-Jazeera a foncé tête baissée, croyant naïvement que la chute des présidents tunisien, égyptien, yéménite et libyen allait conduire immanquablement à l’avènement de la démocratie dans ces Etats et à une onde de choc dans l’ensemble des pays de la région. Il n’en fut rien, et cela ne se produira pas. Bien au contraire. En Syrie, Bachar Al-Assad sort plus que jamais renforcé par l’épreuve douloureuse imposée au peuple syrien meurtri ; en Egypte, l’armée a carrément pris le pouvoir ; au Yémen, l’Arabie Saoudite règne en maître absolu ; en Libye, les belligérants s’échinent à trouver un terrain d’entente, chacun suivant les directives qui lui parviennent d’une autorité étrangère. Ailleurs, les régimes sont toujours en place et comptent bien y demeurer ad vitam ad aeternam.
Bref, Fayçal Al-Qacim avoue à demi-mot que ses maîtres de Doha ont échoué dans leur tentative de conquérir les Etats non monarchiques par l’argent et la désinformation, et qu’au lieu de cela, ces territoires ont été offerts sur un plateau d’argent à d’autres puissances tout aussi prédatrices mais plus perspicaces et moins niaises.
M. A.-A.
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