Importations : les Algériens se préparent au retour des pénuries
Une nouvelle liste de produits suspendus à l’importation a été transmise par l’Association des banques et des établissements financiers (Abef) aux banques pour arrêter la domiciliation jusqu’à nouvel ordre.
Cette liste, qui s’ajoute à celle établie il y a quelques mois, concerne les articles de robinetterie et sanitaires, les produits rouges, les transformateurs électriques, le marbre et le granit, les meubles, le linge de maison, les ustensiles de cuisine… Une précédente liste a touché une large gamme de produits alimentaires, de confiserie mais aussi de produits cosmétiques et d’hygiène. Les matériaux de construction tels que le ciment, la céramique, le plâtre ne sont plus importés depuis février dernier. Et les restrictions sur les importations vont se poursuivre encore.
Ce nouveau tour de vis sur les importations n’est pas sans risques sur la disponibilité à des prix raisonnables de toutes sortes de produits. La rareté de certains produits frappés par ces restrictions commence à se ressentir sur le marché. L’inflation, jusque-là maîtrisée à 7%, risque de filer. Au rythme où vont les choses, et en raison notamment de l’incapacité immédiate de l’outil de production national de se substituer à l’importation, il n’est pas écarté que l’inflation atteigne un niveau insoutenable comme au Venezuela.
La politique des licences d’importation, initiée par le gouvernement en 2015, si elle est un instrument légal de régulation, voire de réduction des importations, ne peut constituer un remède à la crise actuelle, générée par l’absence d’une économie diversifiée. Le gouvernement, qui tente de faire face aux effets immédiats de cette crise, vise à faire baisser la facture des importations de 10 à 15 milliards de dollars cette année. Un défi immense qu’il ne peut relever en se limitant à l’interdiction des produits finis. Car le gros des importations est dans le chapitre des produits semi-finis, des intrants et des services. La preuve est que la facture des importations reste très élevée, 23 milliards de dollars au premier semestre de l’année en cours.
Les Algériens, qui gardent toujours à l’esprit la crise vécue dans les années 1980 et ce qui s’en est suivi, se préparent d’ores et déjà au retour des pénuries de toutes sortes.
Hani Abdi
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