Le Maroc veut ouvrir un nouveau front contre l’Algérie : la guerre des zaouïas
Le Makhzen veut ouvrir, par le truchement de ses relais religieux, un nouveau front contre l’Algérie. Dans une déclaration à la presse locale, la Tariqa alaouite marocaine, inféodée au palais royal, accuse le guide spirituel de la Tariqa alawiya, cheikh Khaled Bentounès, d’utiliser de «faux documents» pour essayer de s’emparer de quelques zaouïas se trouvant au Maroc et de faire «main basse» sur la tariqa alaouite marocaine.
Le porte-parole de la confrérie marocaine va encore plus loin en voyant dans cette «intrusion» algérienne une menace directe pour «l’émirat des croyants», incarné par le roi. Selon lui, Khaled Bentounès «veut exploiter les convergences entre la tariqa alawiya marocaine et la tariqa alawiya chadliyya derqawiyya algérienne pour s’imposer comme l’unique interlocuteur auprès de toutes les zaouïas» se réclamant de cette tariqa soufie transfrontalière.
Le porte-parole ajoutera que la démarche de cheikh Bentounès participe d’un «plan dangereux» mené par «un étranger au service de parties occultes qui lui assurent de gros financements», tout en s’interrogeant qui peut être derrière lui. Le responsable marocain s’indigne du fait que des chefs religieux marocains, et pas des moindres, citant Moulay Abdesselam Benmechiche, Moulay Idriss ou encore Hocine Yassini, aient été conquis par le cheikh algérien à sa cause.
Outre la réaction de la tariqa alaouite, le ministère marocain des Wakfs et des Affaires islamiques a été actionné pour rendre public un sermon dans lequel il s’en prend à Khaled Bentounès et à «ses adeptes marocains», en rejetant d’emblée toute leur démarche dans le milieu des zaouïas, et qualifiant leurs arguments de «pures allégations». La justice marocaine n’est pas en reste, puisque le parquet de la ville de Taourirt (est du Maroc) a déjà ouvert une instruction sur cette affaire avec, comme objectif, de faire pression sur les représentants de zaouïas locaux, acquis aux revendications du guide religieux algérien.
C’est ainsi que le plus zélé des mokaddems, celui de la zaouïa de Tanger, a qualifié les démarches attribuées à cheikh Khaled Bentounès au sein des zaouïas marocaines de «vaine tentative de l’Algérie de chercher une légitimité pour concurrencer l’émirat des croyants dans le champ religieux». Il demande aux autorités politiques de son pays d’intervenir en prenant des mesures judiciaires à l’encontre de ceux qu’ils qualifient de «scélérats», tout en poursuivant l’instruction ouverte à Taourirt car, selon ce mokaddem, «des interventions empêchent l’aboutissement de cette affaire qui remonte à quatre ans».
R. Mahmoudi
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