La chronique hachée de M. Aït-Amara – Abdelmadjid Tebboune cherche sa voix, Donald Trump cherche sa guerre
Revenons à nos moutons. Tebboune a cru entendre une voix venant de Zéralda lui enjoignant d’enfourcher son cheval de bataille pour s’en aller guerroyer contre les ripoux. Ce qu’il fit. Mais son réveil fut cauchemardesque. Cible d’un tir croisé de snipers embusqués dont il n’arrive pas à repérer la posture, Tebboune profite de son escapade parisienne pour réfléchir à tout ça. La main en visière au-dessus de ses yeux, il scrute la rive sud de la Méditerranée à la recherche du moindre mouvement, du moindre signe qui puisse l’aider à déchiffrer le grimoire.
Car, dans notre système, souvent, les principaux acteurs politiques eux-mêmes, de quelque emplacement du donjon qu’ils puissent se trouver, peinent à comprendre ce qui se déroule au cœur de la forteresse qu’ils ont érigée pour s’isoler de la piétaille que nous sommes et qu’ils commandent de loin, avec le moins de contact physique possible.
Tous attendent avec impatience le prochain épisode de ce feuilleton de l’été qui n’en est qu’à ses débuts ou dont le générique de la fin a été lancé sans que nous nous en fussions aperçus. Nous supputons, concluons, déduisons, parions que la fin de Tebboune est proche et que le «clan adverse» a déjà sonné l’hallali. Mais personne n’est capable de s’avancer sur les dessous d’une querelle de chapelle dans laquelle le chef de l’Etat a «arbitré» par le truchement d’une «instruction» non signée et diffusée à travers un canal non officiel.
Dans ce brouillard qui va en s’épaississant, qui peut se targuer de maîtriser le tarot aussi bien que celui qui en a conçu les figures ?
Il y va de tout cœur comme chèvres qui trépignent. Lui, c’est Donald Trump. Se peut-il qu’un Président enivré par la victoire, qui s’affale de tout son long sur le fauteuil du Bureau ovale, ne rembourse pas sa dette envers le lobby des armes en lui offrant, en retour, un marché juteux de sang et de larmes ? Le nouveau locataire de la Maison-Blanche s’y attelle avec zèle. Il a jeté son dévolu sur un gros morceau : la Corée du Nord. Trump veut faire monter les enchères pour s’imposer comme celui qui aura fait avaler ses joujoux balistiques au gamin Kim Jong-un.
Mais une chèvre ne rugit pas ; elle béguète. Et les Nord-coréens connaissent la lâcheté et l’esbroufe des Américains. Ils savent que leur armée est une pure invention de Hollywood et qu’elle n’a jamais remporté une guerre depuis que ce pays a été bâti sur le cadavre du peuple indien autochtone.
Le Vietnam, l’Afghanistan, la Somalie, l’Irak… Aucun de ces pays ne détient la redoutable arme qui terrifie les puissants généraux du Pentagone. Pourtant, la petite Kalachnikov et les bombinettes faites maison ont eu raison de l’arrogant Oncle Sam à l’affublement burlesque.
Donald Trump veut sa guerre, mais il ne l’aura pas. Ceux qui lui conseillent d’imiter le rugissement du lion savent que le hoquet ne fait pas l’hymne et que le mime est l’art du fanfaron.
M. A.-A.
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