Les Français ne veulent plus financer la propagande marocaine à l’IMA
La librairie de l’Institut du Monde arabe (IMA) s’est enrichie de nouvelles éditions de livres de propagande pour le Maroc. D’abord, la nouvelle édition 2017 du guide touristique «Le Routard» avec les territoires occupés du Sahara occidental rattachés au Maroc, comme le prouve la page «Vers le grand sud». L’autre livre, publié par les éditions Extêm’Sud, parle de la baie de Dakhla, qui fait partie du Sahara occidental mais qui est présentée, dans ce livre, comme ville marocaine livrée aux plaisirs des touristes français. Ces deux livres, dédiés à la propagande marocaine en rapport avec l’affaire du Sahara occidental, ne sont pas les seuls car des dizaines d’autres sont exposés à la vente aux visiteurs.
A qui le Makhzen doit-il dire merci ? Aux Français qui mettent, chaque année, dans le budget de l’IMA la quasi totalité des euros indispensables à son fonctionnement. Cela s’appelle la «dotation du quai d’Orsay». Pour en faire quoi, s’interroge l’opinion publique française qui reste interloquée devant cette situation où une institution financée par le contribuable français participe au travail de propagande du Maroc sur une affaire qui relève d’un problème de décolonisation traitée par l’ONU. Les connaisseurs rappellent qu’à l’origine, l’IMA a été conçu pour fonctionner avec un financement à 60% français et à 40% arabe. Or, font-ils remarquer, «les 22 Etats de la Ligue arabe ont cessé de verser leur quote-part depuis belle lurette».
Déjà en 2006, selon des sources françaises, il manquait 34 millions d’euros de contributions des Etats fondateurs, dont 13,9 millions d’euros pour l’Irak et 12,5 millions d’euros pour la Libye. La même année, le budget de fonctionnement de l’IMA était couvert seulement à 9% par la partie arabe, la France ayant assumé en large partie le soutien financier de cet organisme, autrement dit épongé le déficit, au point où il a fallu lancer un plan de sauvetage en 2008. C’est un fait : les pays arabes ne payent plus leurs cotisations, du coup l’IMA est en situation de fa illite et cela suscite des réactions en France.
Selon une enquête de «Capital» faite au début de cette année, l’arrivée de Jack Lang à la tête de cet établissement culturel parisien n’a pas permis de redresser les comptes, au contraire… La relation intéressée de Lang avec le régime marocain a aggravé la situation de l’IMA, devenu un véritable gouffre financier. Ce média français signale que «les comptes de l’IMA sont restés dans le rouge après l’arrivée de Jack Lang, avec une perte record de 2,5 millions d’euros en 2015. Sur les 18 millions de budget de fonctionnement, la France, via le ministère des Affaires étrangères, en paye 12 millions».
Jack Lang considère que le royaume du Maroc est un pays d’«exception» pour la France. En juin dernier, il déclarait être «heureux que le premier voyage du président Macron dans la région soit réservé au Maroc», soulignant que ce déplacement est le «symbole fort et émouvant» de la qualité des liens qui ont été tissés depuis de longue date entre les deux pays. Il a fait accrocher dans son bureau de l’IMA un tableau du Marocain Ahmed Cherkaoui, coté plus d’un million d’euros. L’actuel président de l’IMA ne cache pas sa préférence pour le Maroc, qu’il privilégie dans toutes les activités de cet institut financé en grande partie par les Français.
Houari Achouri
Comment (29)