Immigration : l’Allemagne fait de la surenchère sur le dos des Algériens
Par Ramdane Yacine – L’Allemagne fait feu de tout bois pour liquider les Algériens en situation irrégulière qui se trouvent sur son territoire et elle le fait savoir, quitte à faire l’amalgame entre l’immigration clandestine et le terrorisme.
En effet, le ministre de l’Intérieur du comté de Brême, en Allemagne, Ulrich Maürer, a demandé la centralisation au niveau de la justice fédérale de toutes les affaires liées au terrorisme et mettant en cause des étrangers en vue de faciliter leur expulsion vers leurs pays d’origine. Le responsable allemand a construit toute une théorie sur la base deux cas : un Algérien de 36 ans et un Russe de 18 ans, qui avaient fait l’objet de 25 procédures judiciaires qui ont duré de longs mois dans le comté de Brême au sujet de leur extradition, pour critiquer la démarche judiciaire de son pays dans ce domaine.
Ulrich Maürer s’est donc plaint à un journal local – repris par le quotidien arabophone Al Charq Al Awsat aujourd’hui – du fait que les longues et nombreuses procédures judiciaires donnent une chance aux prévenus de bénéficier d’un élargissement. Dans le cas de l’Algérien – qui croupit en ce moment dans une geôle spéciale en attendant son extradition vers l’Algérie – le tribunal administratif fédéral et la cour constitutionnelle allemands ont exigé de l’Algérie un engagement de ne pas lui faire subir de tortures.
Paradoxalement, l’Allemagne joue sur de vieux clichés éculés alors que, récemment, le terroriste d’origine algérienne Djamel Beghal avait demandé son extradition de France vers l’Algérie car les Français ne seraient plus, à ses yeux, les «champions des droits de l’homme».
Le ministre allemand a expliqué que son comté ne peut pas être un interlocuteur des Etats à ce sujet et a demandé à ce que le gouvernement fédéral s’occupe désormais des extraditions.
L’Algérie a aussi un litige avec l’Allemagne au sujet des sans-papiers algériens que Berlin veut renvoyer. A ce propos, le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, a reçu, le 16 mai dernier, le représentant personnel de la chancelière allemande et coordinateur du gouvernement fédéral chargé des questions de l’immigration. Berlin a dépêché son émissaire dans le but clair de remettre sur la table le dossier des sans-papiers algériens à expulser.
La chancelière allemande, Angela Merkel, n’a pas caché son souhait de voir les ressortissants algériens déboutés du droit d’asile en Allemagne renvoyés plus rapidement dans leur pays, lors de l’audience qu’elle avait accordée au Premier ministre Abdelmalek Sellal en visite à Berlin en janvier 2016. Sellal avait répondu qu’avant tout renvoi en Algérie, il fallait «naturellement s’assurer qu’il s’agit bien d’Algériens».
Un accord algéro-allemand a été signé en 2006 sur la question du rapatriement des Algériens sans papiers. L’accord en question a été signé en 1997 à Bonn, puis ratifié par l’Algérie en février 2006. Il stipule clairement que la reconduite des ressortissants algériens en situation illégale s’effectue par voie aérienne, sur des vols réguliers et pour un nombre de personnes ne pouvant dépasser 30 à la fois par vol, compte tenu des contraintes de sécurité et du coût de ces opérations jusqu’aux frontières de l’Etat destinataire qu’incombe à la partie allemande.
Alger n’accepte pas de faire du Maghreb un immense centre de transit pour migrants clandestins et faire ainsi le gendarme pour une Europe qui se barricade.
D’après des statistiques allemandes, il y aurait 1 500 à 2 100 sans-papiers algériens ayant rejoint le territoire allemand entre 2015 et 2016. L’Allemagne avait accueilli près d’un million de demandeurs d’asile. Tout le tintamarre fait autour des Maghrébins ne tient donc pas la route puisque, statistiquement, Tunisiens, Algériens et Marocains n’obtiennent le statut de réfugié que dans respectivement 0,8%, 2,7% et 3,5% des cas. En somme, l’arrivée de migrants proche-orientaux en Allemagne se fait au détriment des Maghrébins.
R. Y.
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