Qui a commandité l’enlèvement d’un ancien Premier ministre libyen ?
Un groupe armé a kidnappé, dimanche, l’ancien Premier ministre libyen Ali Zayden, alors qu’il se trouvait dans un hôtel de la capitale, Tripoli. Selon des sources médiatiques, le groupe armé était à bord de voitures 4×4. Ali Zayden a été emmené vers une destination inconnue.
C’est la deuxième fois que l’ex-Premier ministre Ali Zayden est kidnappé par des hommes armés. En 2013, alors qu’il était en exercice, il avait été enlevé par un groupe armé lui reprochant d’avoir autorisé la capture par l’armée américaine d’un responsable d’Al-Qaïda sur le sol libyen, avant d’être libéré quelques heures plus tard.
Ce retour aux anciennes pratiques de l’ère de la «révolution» signe l’échec des efforts de réconciliation et de pacification menés par les protagonistes de la crise libyenne. Il vient démontrer que les milices armées gardent encore toutes leurs capacités de nuisance, démontant ainsi toutes les déclarations du maréchal Haftar qui assurait, à chaque rencontre avec ses interlocuteurs arabes ou européens, être en passe de neutraliser les milices et que son armée était capable à tout moment d’investir Tripoli.
Cette mise en garde des groupes armés intervient à la veille de l’annonce d’une médiation russe pour tenter d’approfondir le dialogue entre le gouvernement de Tobrouk représenté par le maréchal Khalifa Haftar et le gouvernement d’entente nationale (reconnu) conduit par Fayez Al-Sarraj, après l’échec de la rencontre initiée et organisée, le 24 juillet dernier, par le président français, Emmanuel Macron. Les deux responsables libyens s’étaient entendus notamment sur l’arrêt des hostilités, ainsi que sur l’organisation d’élections législatives dans les plus brefs délais, mais aucun engagement n’a été signé.
Dès son retour au pays, Haftar, galvanisé par le soutien de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte et des Emirats arabes unis, a repris ses sermons contre le gouvernement de Tripoli et continué à mener sa politique expansionniste, faisant fi du consensus national né des accords de Skhirat et de la légalité internationale. Du coup, la méfiance entre les deux camps s’est vite réinstallée.
Le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Ahmed Miitig, dans une déclaration à un journal italien, paru dimanche, a mis en garde les pays européens contre les projections du maréchal Haftar, en affirmant que les Libyens étaient contre l’instauration d’«une nouvelle dictature militaire». Il a révélé que Haftar et Al-Sarraj avaient accepté l’invitation de Moscou, mais a exclu une rencontre directe entre les deux hommes.
R. Mahmoudi
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