Les médias arabes se passionnent pour le duel Tebboune-Haddad
Par Ramdane Yacine – Les médias arabes continuent à s’intéresser au bras de fer opposant le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE) et homme d’affaires Ali Haddad et surtout essayent de comprendre les dessous de cette affaire.
Le site de la chaîne qatarie Al Jazeera écrit, après un titre interrogatif – «Que cache le conflit entre le Premier ministre algérien et le frère de Bouteflika ?» – que beaucoup s’interrogent en Algérie sur le sort du Premier ministre, nommé il y a trois mois à peine, en raison du conflit qui l’oppose en sourdine avec le frère et conseiller du président Bouteflika. Le site qatari rappelle que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et porté le conflit sur la place publique a été la décision de Tebboune de «séparer l’argent de la politique», visant ainsi Ali Haddad qui est proche de Saïd Bouteflika, selon le média. Al Jazeera évoque les instructions attribuées au Président et colportées par la chaine privée Ennahar réputée proche du frère du président et selon lesquelles il est fait injonction au Premier ministre de cesser de harceler les investisseurs et les initiatives anarchiques.
Al Jazeera cite la directrice de publication du quotidien arabophone Al Fadjr qui dit que «le Premier ministre a voulu couper l’herbe sous le pied des hommes d’affaires qui voulaient tracer la politique à suivre» et que ceci est «la résultante du vide laissé par le DRS sous la direction du général de corps d’armée Mohamed Mediène». La même source ajoute : «Si Ali Hddad arrive à faire tomber Abdelmadjid Tebboune, cela voudra dire que le système algérien a changé radicalement.»
Le quotidien arabophone édité à Londres, Al-Quds Al-Arabi, titre de son côté : «Haddad exploite son groupe de presse pour solder ses comptes avec Tebboune.» Le journal parle de la poursuite du feuilleton estival en Algérie en indiquant : «Le Premier ministre qui a mené au début une campagne contre l’argent sale, se retrouve maintenant accusé d’être un corrompu.» Le média souligne au passage le rôle trouble d’une certaine presse qui a été jusqu’à écrire que le Premier ministre a «exploité sa rencontre avec le Premier ministre français pour quémander un soutien pour l’élection présidentielle de 2019». Et de citer nommément la chaîne Ennahar qui suivrait à la trace le Premier ministre en disant par exemple qu’après la fin de son congé, Tebboune n’est pas rentré en Algérie mais serait «parti en Turquie puis en Moldavie en compagnie d’un ex-député du RND soupçonné de corruption en Espagne».
Al-Quds Al-Arabi note par ailleurs que l’affaire Tebboune-Haddad était une énigme dès le départ du fait que les deux hommes sont considérés comme proches du président Bouteflika. Le journal s’interroge ensuite sur ce qui empêche la Présidence de limoger Tebboune au lieu de cette cacophonie qui ternit l’image du Président. Et d’énoncer l’hypothèse selon laquelle «Tebboune bénéficierait du soutien d’une tierce personne» de l’institution militaire, du chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Et d’ajouter que «si le soutien se confirme, il apporterait des réponses à beaucoup de questions».
R. Y.
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