Qui est derrière la campagne pour l’application de l’article 102 contre le président de la République ?
Par R. Mahmoudi – Une campagne demandant l’application de l’article 102 de la Constitution (stipulant une reconnaissance officielle de l’état d’empêchement du président de la République) fait actuellement rage sur les réseaux sociaux. Des spots représentant le président Bouteflika et frappés du chiffre 102 sont relayés par de nombreux internautes, et même par des partis politiques sur leurs pages officielles, comme Jil Jadid de Sofiane Djilali.
Ce dernier a clairement réclamé l’application de cette disposition de la loi fondamentale, qu’il présente comme la seule solution pour sortir de la crise actuelle. La célérité avec laquelle ce parti d’opposition a tenu à marquer son adhésion à cette campagne laisse entendre qu’il en est l’initiateur. Mais l’apparition de divers commentaires accompagnant ces images sur d’autres comptes écarte cette hypothèse.
En appui à cette campagne, une pétition vient d’être lancée (par qui ? Là encore mystère !) sur le site spécialisé dans les pétitions dites citoyennes et intitulée «Application de l’article 102 de la Constitution : incapacité du président». Les signataires qui aspirent à atteindre le chiffre de 3 000 s’adressent au président du Conseil constitutionnel, Mourad Medeleci, en ces termes : «En 2014, vous avez déclaré recevable la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République algérienne et ce malgré son état de santé déplorable. Aujourd’hui, son état de santé s’est considérablement altéré et n’est plus compatible avec sa fonction, la population algérienne constate avec effroi que le pays est dirigé par un président très diminué et incapable de gouverner dans l’intérêt général. Il est de surcroît entouré d’un frère qui a pris les rênes de la nation et s’est accaparé le pouvoir alors qu’aucun mandat ne lui a été accordé légalement par le biais des urnes», lit-on dans le texte de la pétition.
Les signataires jugent que le devoir du président du Conseil constitutionnel est de faire appliquer l’article 102 de la Constitution «afin de déclarer notre président dans l’incapacité de prendre en main la destinée de l’Algérie», estimant que «les générations présentes et futures sauront reconnaître votre valeur».
Ces appels au départ de Bouteflika coïncident avec une campagne acharnée contre le Premier ministre, depuis qu’il a ouvert les hostilités avec le patron du FCE, Ali Haddad. Pourtant, Abdelmadjid Tebboune assure qu’il agissait sur instruction du président de la République, ce qui a suscité une vive polémique sur les «véritables centres de décision» qui dirigent le pays actuellement et des inquiétudes justifiées sur le silence du chef de l’Etat face à cette cacophonie.
R. M.
Comment (87)