La fin de Tebboune n’est ni une défaite de l’Etat ni une victoire de Haddad
Par Karim Bouali – La décision était attendue. Tout, en effet, indiquait que le Premier ministre allait être dégommé dès son retour de sa virée européenne où, dit-on, il passait ses vacances en compagnie d’affairistes «peu fréquentables».
Tout a commencé par une série de décisions à l’encontre d’investisseurs privés auprès desquels le successeur de Sellal réclamait le remboursement de quelque 40 milliards de dollars de crédits contractés auprès des banques publiques. Cette attaque frontale de Tebboune contre les puissants patrons a, tout de suite, été suivie d’une réaction sans ambages du président du Forum des chefs d’entreprises (FCE, patronat) Ali Haddad – principale cible de Tebboune – qui rappela à son «détracteur» que l’Etat lui devait plus de 1 000 milliards. Ce à quoi Teboune répondra que plus de 100 projets confiés au patron de l’ETRHB étaient à l’arrêt et qu’il était mis en demeure de les relancer.
Abdelmadjid Tebboune avait, par ailleurs, été accusé par certains cercles proches de la Présidence, d’avoir mal interprété les instructions du président de la République visant à mettre de l’ordre dans le secteur économique et de séparer celui-ci de la sphère politique.
Néanmoins, des sources très au fait du dossier ont affirmé à Algeriepatriotique que l’éviction de Tebboune «ne signifie pas un recul de l’Etat ou une victoire d’un protagoniste au détriment d’un autre». «La feuille de route établie par le Président est toujours en vigueur», souligne notre source, qui précise que «le nouveau Premier ministre devra, de toutes les façons, poursuivre le travail commencé par son prédécesseur pour obliger les opérateurs à rembourser leurs dettes, à s’acquitter de leurs impôts et à achever les projets dont ils ont obtenus les marchés par divers moyens».
Le désormais ex-directeur de cabinet de la Présidence, qui dirigera le gouvernement une nouvelle fois à partir d’aujourd’hui, ne s’oppose pas à la participation d’hommes d’affaires à la gestion politique. Ahmed Ouyahia déclarait, en janvier dernier, que «la philosophie et la ligne politique du RND ne sont nullement contre la présence dans le champ politique d’hommes d’affaires activant légalement». «Au RND, il n’y a pas d’argent de la drogue, du conteneur, de l’import-import ou de la corruption», avait-il assuré.
K. B.
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