Le coordinateur des imams révèle : «Le ministre est l’otage des fanatiques»
Par Ramdane Yacine – Les imams des 26 000 mosquées d’Algérie sont en colère et ils le font savoir en accusant le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, d’avoir promu au sein du ministère des personnes hostiles au rite malékite – dont se reconnaissent la majorité des Algériens et qui encouragent par leur fanatisme et leur sectarisme l’agression et le tabassage des imams.
Les agressions contre les imams dans les mosquées ont pris des proportions alarmantes ces dernières années en Algérie. C’est le coordinateur général des imams, cheikh Djelloul Hadjimi, lors du forum du quotidien arabophone Echorouk.
Après avoir affirmé que l’action de protestation des imams est parfaitement légale et qu’elle est sous l’égide de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le coordinateur des imams a expliqué que Mohamed Aïssa a fait venir auprès de lui des cadres qui obéissent à d’autres chapelles rituelles pour les contenir, mais qu’il se retrouve actuellement pris au piège de son choix. Et d’ajouter que ce sont ceux-là même qui ordonnent notre châtiment par leurs partisans au niveau des mosquées.
Le porte-parole des imams a indiqué que le ministère des Affaires religieuses doit assumer ses responsabilités dans la sécurité des imams et a loué la décision prise très récemment par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, de renforcer la sécurité de ceux qui officient dans les lieux du culte.
L’invité du journal arabophone a rapporté que des imams sont agressés, voire assassinés à l’instar de celui d’Oum El Bouaghi qui a pardonné à son agresseur de l’avoir giflé avant que ce dernier ne récidive pour le tuer sur le minbar de la mosquée. D’autres imams sont agressés à coups de couteau ou à jets de pierre.
Par ailleurs, Djelloul Hadjimi a évoqué une «anarchie programmée» et des «faits graves étrangers aux Algériens». Il a dénoncé le fait qu’on ait tendance à dire que les imams sont victimes d’actes isolés dont les auteurs sont des malades mentaux ou des drogués. Pour le coordinateur, «les agresseurs sont ceux qui s’opposent à notre référence religieuse nationale». Il a indiqué que les imams n’ont jamais exercé d’oppression sur les fidèles et que cette minorité «doit respecter la référence religieuse de la majorité des Algériens».
Interrogé si ces agressions ont un rapport avec les partisans du salafisme wahhabite en Algérie, Djelloul Hadjimi a répondu que «ceux qui ne sont pas d’accord avec la référence religieuse des Algériens n’ont pas le droit de se mêler de la gestion de la mosquée et doivent cesser d’insulter l’institution religieuse et l’Etat».
R. Y.
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