Limogeage de Tebboune : même son de cloche dans la presse française
Par Houari Achouri – Des médias de la presse écrite étrangère en langue française ont fait état du remplacement de Tebboune par Ouyahia au poste de Premier ministre, en se basant pour la plupart sur ce que rapporte l’AFP. C’est le cas de Jeune Afrique sous le titre : «Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune limogé, Ahmed Ouyahia nommé». Il reprend le communiqué de la présidence de la République et cite l’explication donnée à l’AFP par «une source gouvernementale ayant requis l’anonymat», selon laquelle «la vision du Premier ministre ne cadrait pas avec la vision du Président» et faisant également état de «problèmes de communication» entre les deux hommes.
Le Figaro s’inspire également de l’AFP pour titrer : «Le Premier ministre déjà limogé au bout de trois mois». «Abdelmajid Tebboune paie sa volonté de s’attaquer aux liens entre politique et milieux d’affaires», commente le journaliste, qui évoque de «sourdes luttes de clans à la tête de l’Etat». Ahmed Ouyahia est présenté comme «l’un des hommes forts du régime algérien». Le Figaro dresse le portrait du nouveau Premier ministre : «Il a servi le président avec zèle malgré des relations parfois compliquées. Il est surnommé en Algérie « M. Sale Besogne » depuis qu’il s’est défini lui-même comme l’homme du « sale boulot » après avoir mené les austères réformes exigées par le Fonds monétaire international dans les années 90, durant la guerre civile».
Même approche dans L’Echo, Le Parisien, Le Monde, La Tribune Afrique, TV5 Monde, RFI. L’«avis de certains observateurs» est commode pour affirmer qu’«Abdelmadjid Tebboune paye ses attaques en direction des milieux d’affaires». Sa gestion des importations et de l’investissement a déplu aux importateurs et au pouvoir algériens. Ce qui lui vaut d’être limogé «sur fond de luttes de clans au sommet de l’Etat». Ces médias rappellent que «le Premier ministre Tebboune avait publiquement infligé un camouflet à Ali Haddad en exigeant son départ d’une cérémonie à laquelle les deux hommes étaient invités». Ils notent qu’«à la tête d’un conglomérat tentaculaire (BTP, médicaments, médias, hôtellerie), Ali Haddad, qui est aussi le patron des patrons algériens, a gardé en travers de la gorge la série de mises en demeure envoyées par le gouvernement à plusieurs grandes entreprises algériennes ou étrangères adjudicataires d’importants marchés publics d’infrastructures, jugeant les chantiers en retard et menaçant de résilier les contrats».
Pour les médias français, se référant à l’avis d’experts algériens, le «groupe présidentiel» composé de «Saïd Bouteflika et du patron de la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens, syndicat officiel) Abdelmadjid Sidi Saïd, a manifesté publiquement sa solidarité avec Haddad et mis au défi le Premier ministre».
Quant au Point Afrique, il publie un très long article d’un journaliste algérien qui parle de «coup de théâtre à Alger : nommé fin mai, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est remplacé ce mardi par le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia». Il décrit le fait comme le dénouement brutal du feuilleton de l’été : «Depuis des semaines, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, réputé proche de la Présidence algérienne, était la cible d’une violente campagne de la part de certains médias pour s’être attaqué frontalement aux lobbies de l’argent». Suit un rappel des péripéties qui ont jalonné le bras de fer entre Tebboune et ses adversaires.
Radio Mosaïque FM, African Manager, Nouvelle Tribune, Métro Montréal rapportent brièvement le fait en soulignant que «c’est la première fois qu’un Premier ministre passe une brève période dans cette mission».
H. A.
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