Vague de terrorisme en Europe : les services secrets occidentaux paniquent
Par Sadek Sahraoui – C’est la panique dans les QG des services de renseignement occidentaux. D’après un rapport remis par le réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN) au commissaire de l’UE à la sécurité et rendu public récemment, plus de 5 000 Européens ont rejoint Daesh en Syrie ou en Irak entre 2011 et 2016. Les départs ont connu un pic en 2015 et ont baissé depuis. Le problème est que parmi eux, 1 200 à 3 000 personnes pourraient revenir sur le territoire européen. Au total, plus de 42 000 combattants étrangers venant de plus de 120 pays ont rejoint les rangs de l’organisation terroriste entre 2011 et 2016.
Ce rapport du RAN, relayé ce jeudi par la presse française, dresse un portrait mondial de ce phénomène et présente de nouveaux chiffres concernant l’Europe et la France en particulier. Mettant l’accent sur les récents revers connus par Daesh dans la zone irako-syrienne, le document pointe tout d’abord la possibilité que le nombre de ces retours augmente dans les mois ou les années à venir. «Si le ‘‘califat’’ de Daesh est défait militairement ou s’écroule, le nombre de combattants étrangers enrôlés rentrant en Europe (spécialement en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, en Finlande, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni) devrait augmenter», indiquent ses rédacteurs. Depuis la publication de ce rapport, les gouvernements européens sont sur les dents.
Si le développement de ce phénomène est difficile à quantifier, la plupart des pays européens concernés seront confrontés à une augmentation lente, mais progressive de ces retours, plutôt qu’à un phénomène de masse au même moment. Entre 1 200 à 3 000 personnes pourraient revenir en Europe, selon les estimations, parmi lesquelles beaucoup de femmes et d’enfants âgés de moins de 18 ans. Comme le souligne le rapport, citant les services français, environ 460 enfants résidant dans la zone irako-syrienne sont susceptibles de revenir en France. La moitié d’entre eux auraient moins de 5 ans et un tiers seraient nés sur le territoire contrôlé par Daesh.
A propos des revenants eux-mêmes, le rapport s’attache à distinguer différents profils et les rôles remplis par chacun auprès de Daesh. Les hommes ont ainsi plus de chances de revenir avec une expérience de combat, d’avoir été exposés et impliqués dans des atrocités, et d’avoir tenu différents rôles dans les territoires occupés par Daesh.
Comme l’explique ensuite le document, les raisons poussant ces combattants et leurs familles à revenir dans leur pays d’origine sont multiples. Certains sont envoyés ou se rendent d’eux-mêmes sur place afin d’y mener des attentats, comme Abdelhamid Abaaoud, impliqué dans les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. D’autres, non repentis, souhaitent vivre dans de meilleures conditions matérielles. Certains sont capturés et renvoyés de force dans leur pays. Quelques-uns, enfin, sont pris de remords ou déçus par leur expérience au sein de l’organisation terroriste. Mais le gros des troupes n’a, en effet, en tête que de se venger de l’Occident. Et c’est justement ce constat qui inquiète le plus Bruxelles. En d’autres termes, l’Europe restera encore et pour beaucoup de temps un espace risqué.
S. S.
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