Yousfi et Benagoun : les dessous d’un rappel énigmatique au gouvernement
Par M. Aït Amara – Comme anticipé par Algeriepatriotique, le ministre de l’Industrie n’a pas survécu au limogeage d’Abdelmadjid Tebboune. Les deux hommes avaient pris sur eux de revoir de fond en comble la politique d’industrie suivie par leurs prédécesseurs Abdelmalek Sellal et Abdesselam Bouchouareb. Il était donc tout à fait logique que Mahdjoub Bedda subisse, lui aussi, les conséquences du conflit qui a coûté son poste au Premier ministre.
Son successeur, Youcef Yousfi, jouit, au même titre qu’Ahmed Ouyahia, de la confiance totale du cercle présidentiel qui fait appel à ses services à chaque fois que des dossiers éclatent et éclaboussent le pouvoir. C’est ainsi qu’il fut appelé à la rescousse après l’éviction de Chakib Khelil dont le nom est associé à de grosses affaires liées à l’argent du pétrole, mais qui n’a jamais été inquiété ni même convoqué, ne fut-ce qu’en tant que témoin, lors des deux procès retentissants de la compagnie nationale Sonatrach.
Youcef Yousfi aura la lourde charge de remettre sur rail le dossier de l’industrie automobile et du foncier industriel. Un dossier considéré en haut lieu comme prioritaire, voire salutaire au vu des difficultés financières qui risquent de frapper le pays de plein fouet si des sources de revenus autres que les hydrocarbures ne sont pas trouvées avant que les caisses de l’Etat tarissent. Le Président, qui a longtemps tablé sur la rentre pétrolière pour maintenir une relative stabilité sociale, est conscient que la situation est intenable depuis la chute drastique des recettes pétrolières et que des solutions alternatives urgentes s’imposent.
Quant au ministre du Tourisme, son retour au gouvernement après en avoir été éjecté au surlendemain de sa désignation – un record – met à nu le cafouillage qui règne au sommet de l’Etat. Nommé sur proposition du président du MPA, la machine médiatique destructrice fut cependant enclenchée dès sa prise de fonction et Messaoud Benagoun fut viré sans ménagement. Le verdict de la Présidence semblait sans appel, malgré la vaine intercession d’Amara Benyounès pour sauver son homme, jusqu’à ce matin où le nom du ministre damné s’est retrouvé parmi ceux, pratiquement inchangés, des membres du gouvernement Tebboune – une simple erreur de saisie, dit-on.
La mise à la retraite inattendue du général Toufik, le remplacement imprévisible d’Abdelmalek Sellal au lendemain des élections législatives, le limogeage chaotique de son successeur Abdelmadjid Tebboune deux mois et demi à peine après sa nomination, le retour déroutant du ministre du Tourisme malgré les griefs qui ont concouru à sa révocation précoce sont autant d’éléments qui accentuent l’impénétrabilité du sérail, dont les décisions sont de moins en moins cohérentes et de plus en plus énigmatiques.
M. A.-A.
P. S. : Au moment où nous rédigions ces lignes, une dépêche de l’agence officielle APS annonce que le nom de Messaoud Benagoun s’est glissé par inadvertance dans la liste du gouvernement, diffusée ce jeudi matin par les services de la présidence de la République. Ceci ne remet nullement en cause le fond de l’article. Ce nouvel élément confirme, au contraire, l’énorme cafouillage qui règne à tous les niveaux de décision. Tout ceci n’augure rien de bon.
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