La presse arabe intriguée : «La situation politique en Algérie est bizarre»
Par Ramdane Yacine – Le limogeage du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et son remplacement par Ahmed Ouyahia ainsi que les ministères touchés par ce changement ne sont pas passés inaperçus aux yeux des médias arabes qui y consacrent de nombreux articles.
Le site qatari Al-Jazeera s’est interrogé : «Pourquoi Tebboune a-t-il été limogé du gouvernement ?» et écrit que la plupart des observateurs en Algérie estiment que le limogeage d’Abdelmadjid Tebboune est dû au fait que celui-ci s’est rapproché de la ligne rouge et qu’il a porté atteinte aux hommes d’affaires. «Ni les liens étroits qui lient Tebboune au Président ni la très haute distinction qu’il a obtenue récemment de ce dernier n’ont servi à le maintenir à son poste dès lors qu’il a engagé un bras de fer avec les hommes d’affaires à la tête desquels se trouve Ali Haddad, un proche de Saïd Bouteflika, le frère du Président», ajoute Al-Jazeera. «Le Président a consommé 18 gouvernements en 18 ans de règne. Ce temps ne permet à aucun gouvernement d’appliquer un quelconque programme économique ou social», notent des observateurs cités par le média qatari.
Les changements survenus au sein du gouvernement dénotent «la bizarrerie de la situation politique en Algérie», relève, pour sa part, Al-Quds Al-Arabi dans son dernier éditorial. La première de ces «bizarreries», selon ce journal paraissant à Londres, «c’est la désignation d’Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement, alors que c’est le FLN qui a obtenu la majorité parlementaire». Pour le journal, «autant le limogeage de Tebboune a choqué l’opinion, car l’homme avait engagé une lutte contre les hommes d’affaires influents, autant le nom de son successeur est synonyme de colère, de déception et de dérision chez les Algériens dont l’opinion compte peu étant donné qu’aucune raison n’est évoquée pour justifier le limogeage de Tebboune». Pour l’éditorialiste, «ni le gouvernement ni le Parlement ne comptent en Algérie», et il en veut pour preuve le fait que la Présidence ait justifié le changement après l’accord de la majorité au Parlement, alors que la même majorité avait voté, trois mois plus tôt, pour la désignation d’Abdelmadjid Tebboune.
De son côté, le quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-Charq Al-Awsat met l’accent sur les portefeuilles ministériels ayant subi des changements de titulaires avec le départ de Tebboune et fait parler le professeur en sciences politiques à l’université d’Alger, le docteur Mohamed Hennad, pour qui ce sont «les hommes du Président (qui) entrent au gouvernement».
R. Y.
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