Blocage des hadjis qataris : Riyad et Doha se rejettent la responsabilité
Par Sadek Sahraoui – Un nouveau foyer de tension s’ouvre au Proche-Orient. En pleine saison du pèlerinage à La Mecque, l’Arabie Saoudite accuse le Qatar d’avoir empêché l’atterrissage de ses avions pour emmener ses pèlerins.
Le directeur général de Saudi Arabian Airlines, Saleh Al-Jassera, a déclaré que la compagnie avait jusqu’à présent été incapable de programmer des vols pour transporter les pèlerins qataris de l’aéroport international Hamad à Doha car les autorités qataries n’ont pas autorisé l’atterrissage des appareils. Selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA, «les autorités qataries n’ont pas autorisé les avions d’atterrir car ces derniers n’avaient pas le bon document, bien que le papier ait été déposé il y a deux jours».
L’Arabie Saoudite a ordonné mercredi la réouverture de sa frontière pour permettre aux Qataris d’effectuer le hajj, le pèlerinage de La Mecque. Dans le même temps, le roi Salmane d’Arabie Saoudite avait ordonné que des avions privés appartenant aux lignes aériennes saoudiennes soient envoyés à l’aéroport de Doha «pour transporter tous les pèlerins qataris à ses frais». Il s’agissait du premier signe d’assouplissement depuis le 5 juin et la rupture des relations diplomatiques de Riyad avec Doha, une démarche qui avait été imitée par les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte.
Mais à bien y regarder, cette initiative n’est pas réellement un cadeau. Elle est surtout politique. Du moins elle est perçue comme telle par Doha. L’Arabie Saoudite peut en effet difficilement à revendiquer la garde des Lieux-Saints tout en empêchant les fidèles d’accomplir le pèlerinage, l’une des obligations de l’islam. Cela aurait un impact désastreux sur son image dans l’ensemble du monde musulman. D’où cet élan de prévenance vis-à-vis de son voisin.
Le Qatar a compris aussi qu’en acceptant que les avions saoudiens emmènent ses pèlerins sans que ses avions puissent en faire autant reviendrait à entériner le blocus contre lequel il se bat depuis plus de trois mois. C’est probablement le sens qu’il faut donner au refus opposé par le Qatar à l’atterrissage des appareils saoudiens. «Et les pèlerins qataris, pris entre deux feux, sont à la fois l’enjeu et la monnaie de cette négociation entre les deux monarchies rivales», estiment des observateurs. Dans tous les cas, Doha sait que la fin de la crise n’est pas pour demain. C’est pourquoi le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani continue patiemment de réduire sa dépendance vis-à-vis de ses voisins.
S. S.
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