Al-Qaïda planifie des attentats dans les trains en Europe et aux Etats-Unis
Par Sadek Sahraoui – Al-Qaïda et Daech, deux groupes terroristes rivaux créés par les services spéciaux occidentaux, se livrent actuellement une concurrence farouche sur le Vieux-Continent. Inspire, la revue de propagande d’Al-Qaïda au Yémen (AQPA), a appelé ses lecteurs dans son dernier numéro (n° 17) à s’en prendre au transport ferroviaire aux Etats-Unis et en Europe, plus particulièrement en France et au Royaume-Uni.
Trois modes opératoires y sont détaillés : l’attaque à l’intérieur d’un train, l’assaut d’une gare et le déraillement d’une locomotive. Mais c’est surtout sur le troisième mode opératoire qu’insiste AQPA, en fournissant aux lecteurs d’Inspire des instructions pour construire un dispositif permettant de faire dérailler un train, l’idée étant de semer le plus possible la confusion au sein des services de sécurité.
La branche yéménite voit dans le déraillement des trains plusieurs avantages. En premier lieu, une telle opération ne «nécessite pas le martyr» et elle peut donc être répétée. Ensuite, en raison de leur étendue, les réseaux ferroviaires sont difficiles à surveiller et à protéger. Mais surtout, cela aurait des conséquences économiques, comme cela fut le cas pour le transport aérien après les attentats du 11 septembre 2001.
«Il est temps que nous inculquions la peur et les contraignons à imposer des mesures de sécurité strictes aux trains comme ils l’ont fait avec leur transport aérien», fait valoir AQPA. «Nous devons menacer davantage les vulnérabilités de leur sécurité. Et quand ils dépensent des millions de dollars pour en traiter une, nous devons être prêts pour nous attaquer à une autre», ajoute l’organisation terroriste.
Dans les faits, il s’agit plutôt d’un retour aux sources. Al-Qaïda a déjà commis un attentat contre le transport ferroviaire : celui de Madrid en mars 2004 avait fait 191 tués. Il est possible de citer aussi celui contre le métro de Londres, en juillet 2005. En outre, la police de New York déjoua, en 2009, un complot de l’organisation terroriste qui prévoyait de faire dérailler un train de banlieue. Les documents saisis dans son repaire, à Abbottabad, au Pakistan, par les Navy Seals, ont montré que Ben Laden s’intéressait également aux effets économiques que de telles attaques pouvaient avoir.
Pour convaincre ses éléments de la pertinence stratégique d’attaquer les trains, Al-Qaïda a brandi un rapport américain s’alarmant du nombre de «cibles infinies» offertes par le réseau du pays, long de 100 000 miles. Quoi qu’il en soit, Al-Qaïda entend bien profiter de la déconfiture de Daech pour retrouver son lustre. «De nombreux combattants orphelins la rejoignent et ses forces s’élèveraient déjà à 10 000 hommes. Un nombre encore loin des 40 000 djihadistes recensés par l’Etat islamique à son apogée», indiquent des spécialistes de l’organisation qui s’inquiète cependant de ce soudain regain de vitalité.
S. S.
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