Appels à des manifestations contre le régime en Arabie Saoudite et au Qatar
Par Houari Achouri – L’Arabie Saoudite est menacée d’un «harak» (mouvement social) qui commencera dans moins d’un mois, vendredi 15 septembre, par des manifestations pacifiques dans tout le pays. Un appel – dont Algeriepatriotique a reçu une copie – est lancé dans ce sens, autour de revendications sociales et démocratiques : contre le chômage, la pauvreté et pour le logement et l’amélioration des services comme la santé et l’éducation ; lutte contre les maux sociaux que sont la criminalité, la drogue, la dislocation de la cellule familiale et contre la corruption aussi ; contre l’oppression des femmes et des couches vulnérables ; pour la libération des prisonniers politiques.
Les auteurs de l’appel espèrent que les autorités saoudiennes traiteront ce mouvement de la façon dont les Al-Saoud ont exigé des autorités de Doha qu’elles se comportent à l’égard des manifestations pacifiques qui ont lieu au Qatar.
Cela serait surprenant. Car les Al-Saoud ont interdit les manifestations et ont opposé une réponse sécuritaire aux précédents appels à manifester ; ils ont renforcé la présence policière à Ryad et dans les autres villes saoudiennes. En Arabie Saoudite, il faut plutôt s’attendre à la répression policière de toute manifestation, même si elle est pacifique.
En avril dernier, avant la crise politique créée par la rupture des relations avec le Qatar, les réseaux sociaux avaient relayé un appel à une manifestation générale dans toute l’Arabie Saoudite sur fond de protestation sociale motivée particulièrement par le chômage des jeunes. Ces derniers voulaient manifester devant les services publics chargés de l’emploi.
Au plan des libertés politiques, l’Arabie Saoudite est classée comme pays non libre et pour la liberté de la presse, son rang mondial est de 168/180. Les médias ont rapporté que, dernièrement, un adolescent de 14 ans a été incarcéré pour avoir dansé la Macarena dans une rue de Djeddah. Début août, un chanteur, Abdallah Al Shahani, célèbre en Arabie Saoudite, a eu à affronter les forces de l’ordre après un concert à Taif, pour avoir effectué sur scène un geste à la mode mais interdit dans le royaume. Ce n’est pas le pire : des jeunes Saoudiens sont exécutés pour avoir participé à des manifestations politiques.
La situation économique et sociale est propice aux manifestations de protestation en Arabie Saoudite. Les réformes pompeusement annoncées par Riyad sous le nom de «Saudi Vision 2030» pour dégager le pays de son excessive dépendance du pétrole n’ont montré aucun signe qui prouverait la volonté et la capacité des Al-Saoud à les mener réellement.
De très fortes inégalités, inadmissibles ailleurs, caractérisent ce royaume. Les jeunes Saoudiens, condamnés au chômage et à l’absence de libertés, sont révoltés par le fait que les Al-Saoud dilapident les richesses du pays pour leurs besoins particuliers. Pour préserver ses propres privilèges, la famille royale a choisi d’imposer à la population une politique d’austérité faites de coupes budgétaires, de gel des salaires et de suspension de projets d’investissement qui touchent surtout les jeunes, les premiers frappés par les taux de chômage d’environ 12%. Jusqu’à quand ?
Le peuple saoudien, comme le peuple qatari, commence à bouger. Ces peuples veulent le changement. La crise du Golfe aura-t-elle facilité l’avènement du «printemps arabe» dans les monarchies pétrolières, avec en perspective une véritable intifadha ? Un retour de flamme inévitable ?
H. A.
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