L’autre chantier
Par Kamel Moulfi – Réputé ne pas faire dans la démagogie ni dans le populisme, Ouyahia a tenu pourtant à donner des assurances à l’adresse de «nos travailleurs et tous les citoyens» – pour reprendre ses termes – en insistant dans son premier message public sur la promesse que «la politique sociale de l’Etat sera maintenue par le gouvernement». Il le réaffirme comme s’il voulait éviter tout malentendu ou interprétation tendancieuse de ses propos. «L’Algérie a une politique sociale constante fondée sur la justice sociale et la solidarité nationale», a-t-il rappelé en ouvrant ce matin la réunion préparatoire de la tripartite.
Par, au moins, deux actes, Ouyahia a montré que son gouvernement n’a pas l’intention d’opérer la rupture avec cette politique sociale. Le premier est dans la remarquable continuité dans la distribution de logements avec la même mise en scène et la même médiatisation. Le deuxième est dans l’abandon des poursuites contre les jeunes bénéficiaires du mécanisme Ansej, qui ont des difficultés et n’ont pu rembourser les prêts bancaires. Ce n’est pas l’affaire des banques, publiques évidemment, mais l’affaire de l’Etat.
Seulement, il n’y a pas que ça. Le service public dans les domaines de la santé et de l’éducation n’arrive pas à se redresser et ce sont les Algériens «non privilégiés», ils sont la majorité écrasante, qui en pâtissent. Les décès de patients, notamment de parturientes, après avoir été admis en urgence dans les établissements de santé révèlent au grand jour une réalité qui n’est, le plus souvent, connue et partagée que par les familles endeuillées.
Les conditions de travail du personnel de garde, dont dépendent l’organisation du service des urgences et donc sa capacité à répondre aux situations qui se présentent, ne sont pas dignes de l’Algérie de 2017. Aussi bien le ministère de la Santé que les syndicats du secteur le reconnaissent et ils s’engagent – il n’est jamais trop tard ? – à «œuvrer ensemble» et à agir sur «les conditions d’exercice de la garde ainsi que les mesures à prendre en ce qui concerne la sécurité du personnel de la santé et l’amélioration des conditions de travail». Ils constatent qu’il faut une «résolution « rapide » des problèmes auxquels est confronté le secteur». C’est ce qui ressort d’un communiqué du ministère (voir article d’AP). Un autre chantier qui attend Ouyahia.
K. M.
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