Têtes de terroristes
Par R. Mahmoudi – Les attaques au couteau contre les agents de l’ordre ou les militaires sont quotidiennes en Europe de l’Ouest et touchent presque tous les pays, sans distinction. Vendredi, deux nouveaux cas quasi-simultanés ont été enregistrés à Bruxelles et à Londres. Face à ce phénomène inédit, les gouvernements occidentaux sont comme impuissants. C’est pire que dans une guerre asymétrique «normale», où une armée traditionnelle fait face à des groupes armés plus ou moins identifiés, même s’ils sont toujours difficiles à battre.
Aucune stratégie, aucun dispositif sécuritaire ne semblent efficaces pour parer aux risques d’attaques de ce type qui continueront à semer la panique et à maintenir les forces de sécurité en état d’alerte permanente, avec tout ce que cela doit coûter au Trésor public et au moral des troupes. Encore une fois, les services de renseignements des pays d’Europe se sont gourés dans leurs prévisions : alors que tous les rapports mettaient l’accent pendant des mois sur «le péril imminent» que constituait un retour massif des terroristes partis combattre en Syrie et en Irak, après le démantèlement de Daech dans ses principaux sanctuaires, aucun n’avait évoqué cette montée fulgurante des «terroristes du dimanche» qui, avec une simple arme blanche ou à bord d’un camion-bélier, peuvent provoquer le chaos et déstabiliser tout un Etat.
Pour les responsables de la sécurité de ces pays, toute la complexité de la situation réside, selon la formule de l’intellectuel français Michel Onfray, dans le fait que les auteurs de ces attaques ne sont pas des terroristes «24h/24» et qu’ils n’auraient pas «des têtes de terroristes». On craint que cela puisse légitimer d’ores et déjà le recours au délit de faciès, à la stigmatisation communautaire, au racisme, à la xénophobie. En un mot, à tout ce qui fait le lit du fascisme.
R. M.
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