Immigration clandestine : Macron en quête de gendarmes en Afrique
Par Sadek Sahraoui – Un sommet sur l’immigration s’est ouvert ce lundi à Paris. Le président français, Emmanuel Macron, a convié des dirigeants africains et européens pour conjuguer leurs efforts pour faire face à la crise migratoire. Depuis le renversement par l’OTAN de Mouammar Kadhafi en 2011, les passeurs profitent, en effet, du chaos politique en Libye pour faire passer chaque année des milliers de migrants à destination de l’Italie. Une crise dont les conséquences s’avèrent également régionales : le président soudanais, Omar El-Bechir, a déclaré, dimanche, que l’insécurité en Libye avait rendu plus coûteuse la lutte de son pays «contre le trafic d’êtres humains, l’immigration clandestine et les crimes transfrontaliers».
Côté africain, le président Macron a notamment reçu ses homologues tchadien et nigérien, Idriss Déby Itno et Mahamadou Issoufou, ainsi que le chef du gouvernement d’entente nationale libyen Fayez Al-Sarraj. Trois pays qui ont en commun de se trouver au cœur du transit des migrants vers les côtes européennes. Pour l’Europe, le chef de l’Etat français a convié la chancelière allemande Angela Merkel, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Pour la présidence française, cette rencontre vise à «réaffirmer le soutien de l’Europe au Tchad, au Niger et à la Libye pour le contrôle et la gestion maîtrisée des flux migratoires». Elle intervient après une série d’initiatives prises par Emmanuel Macron durant l’été, comme l’annonce, en juillet, de la création de «hotspots» – des centres d’enregistrement des migrants – en Libye. Face aux critiques, qui pointent le risque sécuritaire dans ce pays, le président Macron avait alors rapidement fait machine arrière pour évoquer seulement le Tchad et le Niger. Et même au Tchad, le gouvernement ne veut pas de ces centres qui «risquent de créer un appel d’air».
En réalité, l’arrière-pensée du président français à travers cette histoire de «hotspots» est de faire en sorte que les migrants ne puissent plus mettre les pieds en Europe et de faire des armées locales les gendarmes de l’Europe. Le commandant de l’armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, s’est dit prêt à accomplir cette besogne à la condition que l’Europe passe à la caisse. Il a estimé à «20 milliards de dollars sur 20 ou 25 ans» l’effort européen nécessaire pour aider à bloquer les flux de migrants à la frontière sud du pays.
A noter que les relations étroites nouées entre Rome, le chef du Gouvernement libyen d’union nationale et les communautés du sud de la Libye semblent porter leurs fruits. Les débarquements de migrants clandestins ont diminué de 72% au mois d’août. Autrement dit : 3 168 arrivées contre 21 294 à la même période en 2016.
S. S.
Comment (18)