L’ambassadeur américain Robert Ford admet : «Al-Assad a gagné la guerre»
Par Sadek Sahraoui – Les Occidentaux ne croient plus à la possibilité d’une victoire des groupes «rebelles» financés et armés par les Etats-Unis et les monarchies du Golfe pour faire tomber Bachar Al-Assad. C’est ce que pense l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Damas, Robert Ford. Dans une interview accordée lundi à The National, un média basé à Abou Dhabi, il est allé même jusqu’à reconnaitre la victoire du président syrien : « Le président Al-Assad a gagné la guerre et il restera au pouvoir.» Le diplomate américain, qui avait mis toute son énergie en 2011 pour renverser le chef de l’Etat syrien, fut même un élément clé dans la stratégie américaine de déstabilisation de la Syrie.
Le diplomate américain a soutenu en outre qu’«Al-Assad n’aura peut-être jamais à rendre de compte de ce qui s’est produit» et que «l’Iran est bien parti pour rester en Syrie», ajoutant qu’il s’agit là d’une réalité qu’il faut accepter et à propos de laquelle les Occidentaux ne peuvent pas grand-chose.
L’ex-ambassadeur américain à Damas n’exclut toutefois pas l’hypothèse que Bachar Al-Assad finisse comme Omar El-Béchir, le président du Soudan recherché par la Cour pénale internationale (CPI). «Al-Assad pourrait se rendre en Chine, en Iran et peut-être même en Inde. Si un mandat d’arrêt est lancé contre lui, cela réduirait ses mouvements», a expliqué avec une pointe d’amertume le diplomate américain.
A la question de savoir si les «rebelles» ont encore une chance de renverser en leur faveur le rapport de force sur le terrain dans certaines régions de Syrie, là encore Robert Ford est catégorique. Il estime que ces groupuscules n’ont plus de chance de reprendre les choses en main : «Il n’est plus possible de vaincre Al-Assad et ses alliés russes et iraniens à moins que les Etats occidentaux n’acceptent encore d’armer les rebelles.»
Robert Ford a dit s’attendre beaucoup plus à une grande victoire militaire de l’armée syrienne ; il pense aussi que le conflit a rapproché la Syrie et l’Iran et que le président Al-Assad a besoin de l’aide de l’Iran.
Maintenant que la décantation s’est opérée, les Occidentaux doivent-ils rouvrir leurs ambassades à Damas ? Robert Ford estime que cela n’est pas une nécessité. Toutefois, il a tenu à souligner qu’une coopération entre les nations européennes et la Syrie en matière de sécurité est possible : « Une coopération en matière de renseignement peut avoir lieu sans l’ouverture d’une ambassade.»
S. S.
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