Soupçons de fraude : quand l’islamiste Mokri défend son alter ego Derbal
Par R. Mahmoudi – L’ex-président du MSP, Abderrazak Mokri, continue à croire que la fraude électorale est l’une des principales raisons de la régression démocratique, voire de la crise multidimensionnelle que traverse l’Algérie, et ne rate aucune occasion pour le rappeler. Mais pour répondre au dernier sermon du président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, dans lequel celui-ci critique l’attitude des partis de l’opposition en leur reprochant de ne pas connaître les lois, Mokri a choisi de prendre tout simplement sa défense.
Dans son dernier écrit posté sur sa page Facebook, il commence par saluer les efforts que déploie, selon lui, Derbal pour «améliorer la performance» de l’Instance qu’il préside et lui accorde les circonstances atténuantes parce que, d’après le dirigeant du MSP, Derbal est «armé de bonne volonté». Il lui délivre même un brevet d’innocence, en jugeant que depuis qu’il est à la tête de cette Instance, Derbal n’a jamais «cautionné» la fraude. Dans sa logorrhée, Mokri n’explique pas cette contradiction : comment le président d’une instance officielle peut-il être exempt de tout soupçon alors qu’il n’a relevé aucun cas de fraude majeur lors des précédentes élections, que ce même Mokri juge truquées ? Il se trouve que les affinités idéologiques et claniques chez ces islamistes sont plus fortes que toute autre considération.
Pour l’ex-chef du MSP, l’arrêt de la fraude électorale est une décision politique qui revient à «ceux qui ont chargé Derbal de cette mission». «Eux, enchaîne-t-il, ils ne veulent pas arrêter le trucage des élections parce que cela provoquerait l’effondrement de leurs façades politiques et aussi parce que cela ramènerait aux urnes les électeurs aspirant au changement». Là encore, Mokri se tire une balle dans le pied, en suggérant que ceux qui votent habituellement pour son parti seraient des partisans du statu quo.
Poursuivant son analyse, Mokri estime que les décideurs utilisent cette Instance de surveillance des élections comme une façade à la fois pour «leurrer les Algériens» et ne pas mettre dans la gêne les pays occidentaux, «alliés de la corruption algérienne».
En moraliste de la politique, rôle qui lui sied bien depuis qu’il a cédé conjoncturellement son poste à Abdelmadjid Menasra, Abderrazak Mokri suggère que «lorsque tout le monde aura pris conscience de l’ampleur de la fraude électorale et du danger qu’elle constitue pour la stabilité du pays, ce sera déjà trop tard. A ce moment-là, ni les assurances de Derbal ni sa bonne foi ne seront d’aucun secours», finit-il par se convaincre.
R. M.
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